Pour Macron, tous les voyants sont au vert

Emmanuel Macron est, dans les sondages, solidement installé comme troisième homme de la présidentielle. Et ça change tout.
Emmanuel Macron est, dans les sondages, solidement installé comme troisième homme de la présidentielle. Et ça change tout. © DENIS CHARLET / AFP
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L’engouement populaire autour de l’ancien ministre ne se dément pas. Les ralliements se multiplient, et le voilà au cœur des discours, de gauche comme de droite. 

Et si la "comète Macron" était en train de s’installer durablement dans le ciel politique français ? Longtemps considéré par ses détracteurs comme une baudruche, susceptible à tout moment de se dégonfler, l’ancien ministre de l’Economie devient au contraire de plus en plus incontournable à l’approche de la présidentielle. Quant à l’étiquette de "candidat des médias" - encore matraquée lundi par Marine Le Pen -, si elle reste utilisée par ses adversaires, elle semble contredite par le succès des meetings du fondateur d’En Marche!. Si l’on ajoute des sondages flatteurs et des ralliements nombreux, voilà Emmanuel Macron au centre du jeu politique. Et du discours de ses adversaires.

  • La droite attaque fort, les candidats à la primaire PS bienveillants

Une nouvelle cible pour le FN. C’est souvent un bon signal. Quand les adversaires d’un homme politique l’attaquent avec plus de virulence, c’est en général qu’ils se sentent en danger. Ces derniers jours, c’est le Front national, qui jusqu’alors avait plutôt ignoré Emmanuel Macron, qui l’attaque. "C'est le candidat de Bruxelles. C'est le candidat du mondialisme, le candidat de l'ultralibéralisme, le candidat de l'austérité", a lâché Marine Le Pen lundi matin sur RTL. La présidente du FN en a profité pour glisser au passage un petit tacle aux médias. "La fascination puérile des médias pour ce candidat-là en est presque drôle. Au-dessus de ça, il y a les jeunes filles à la sortie du concert de Justin Bieber", a-t-elle lâché. N’empêche, et la sortie de Marine Le Pen le prouve, c’est désormais un "concurrent direct" pour elle, comme l’admet son directeur de campagne David Rachline dans Le Monde.

Un feu nourri à droite. A droite aussi, c’est "haro" sur Macron ces derniers jours. "Escroquerie politique", dénonce Bernard Accoyer; "mauvais génie du matraquage fiscal", abonde Valérie Pécresse; "le jeune inspecteur des finances qui vient nous expliquer comment ça se passe alors qu’il n’a jamais vu un électeur de sa vie", insiste Thierry Solère; "le fils parricide de François Hollande", tranche Jean-Pierre Raffarin. N’en jetez plus… Il va falloir s’y faire : les soutiens de François Fillon n’auront désormais pas de mots assez durs pour Emmanuel Macron. Mais pas sûr que ça dérange outre mesure l’ancien ministre.

Les candidats à la primaire PS disent vouloir discuter avec lui. Quant aux candidats à la primaire du PS, ils ont largement policé leur discours. Fini l’homme de l’aventure personnelle et de la désunion qu’Emmanuel Macron était après sa déclaration de candidature, le 16 novembre dernier. Désormais, l’ancien ministre est une personnalité avec laquelle il va falloir compter, à entendre les participants. Manuel Valls a ainsi affirmé lundi sur Europe 1 qu’il discuterait "évidemment" avec son ancien ministre, qu’il qualifiait pourtant de "populiste" il y a quelques semaines, s’il l’emportait. Idem pour Vincent Peillon, qui ne ferme pas la porte au fondateur d’En Marche.

"Emmanuel Macron a un discours, un charisme qui lui permet de réunir des foules", a enfin concédé Benoît Hamon sur BFMTV, mais une fois la primaire achevée. "Nous discuterons et nous verrons quel est l'ADN d'Emmanuel Macron", a conclu celui qui est pourtant le tenant d’une ligne très à gauche.

  • Des meetings plein à craquer

Depuis son entrée dans la campagne présidentielle, Emmanuel Macron draine un nombre impressionnant de spectateurs à chacun de ses meetings. Le plus bel exemple, ce furent évidemment les quelque 12.000 personnes présentes le 10 décembre dernier porte de Versailles à Paris. Mais il y en avait aussi 2.500 à Clermont Ferrand le 7 janvier par exemple et samedi, près de 5.000 supporters de l’ancien ministre de l’Economie étaient venus l’écouter à Lille, dans le fief de martine Aubry, celle-là même qui, en décembre de 2015, déclarait en avoir "ras-le-bol" du fondateur d’En Marche. L’exploit n’est pas mince.

La réussite est d’autant plus remarquable qu’en la matière, la comparaison est cruelle pour les candidats à la primaire PS. Souvent, Manuel Valls doit ainsi s’exprimer devant quelques centaines de personnes tout au plus. L’ancien Premier ministre a beau arguer, avec raison, qu’une élection primaire est par nature moins rassembleuse, le contraste est saisissant, et le rendu forcément à l’avantage de son ancien ministre. Et cela montre aussi que quoi qu’en dise ses détracteurs, Emmanuel Macron suscite l’intérêt.

  • Des ralliements en nombre

A chaque jour, ou presque, son annonce de ralliement. Emmanuel Macron n’est décidément plus l’homme seul des débuts. D’abord, son mouvement En marche! revendiquait au 16 janvier près de 143.000 adhérents. Ensuite, il y a les têtes d’affiche. Elles sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus connues. En une semaine, l’ancien ministre a enregistré les soutiens de la médiatique Laurence Haïm, de l’économiste Jean Pisani-Ferry, de Corinne Lepage, Jean-Marie Cavada ou encore, ce dimanche, l’entrée dans l’organigramme de Jean-Pierre Mignard, avocat et surtout ami proche de François Hollande. Sans oublier les anciens ministre (de droite) Serge Lepeltier et Jean-Paul Delevoye.

Et ce n’est sans doute pas fini. Ségolène Royal donne de plus en plus de signaux dans ce sens. Ce serait alors un soutien de poids, sans doute la plus belle prise d’Emmanuel Macron. Et il se murmure même avec de plus en plus d’insistance que François Hollande lui-même pourrait, au final, soutenir son ancien protégé, qui fut son conseiller, puis le secrétaire général adjoint de l’Elysée sous sa présidence.

  • Des sondages flatteurs

Certes, tous les candidats à la présidentielle ne sont pas déclarés, et un sondage n’est qu’une photographie d’un moment politique. Mais tout de même. Bien loin de s’étioler dans les études d’opinion ou d’intentions de vote, l’ancien ministre de l’Economie n’en finit plus de grimper. Au point même, dans l’hypothèse où c’est Arnaud Montebourg qui remporterait la primaire, d’être qualifié au second tour, selon une enquête Elabe pour Les Echos, publiée le 5 janvier dernier, avec 24% des voix.

En tout état de cause, le jeune candidat, âgé de 39 ans, est désormais solidement installé à la place de troisième homme, derrière François Fillon et Marine Le Pen. Et c’est systématiquement qu’il devance Jean-Luc Mélenchon et surtout le vainqueur de la primaire du PS, quel qu’il soit. Plus le temps passe, plus sa crédibilité s’installe. Et plus il va être difficile à aller chercher.