Macron : le souci de l’efficacité et du grand dessein national

© Etienne LAURENT / POOL / AFP
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Antonin André, chef du service politique d'Europe 1
Pour son premier discours aux Français depuis son élection, Emmanuel Macron s'est posé en restaurateur de la fonction de présidentielle.

Restaurer une fonction présidentielle puissante. Emmanuel Macron assume sans complexe de mettre ses pas dans ceux de Mitterrand, de de Gaulle et il le fait en tenant le procès de ses deux prédécesseurs, sans les nommer. "Les années immobiles", pour le quinquennat de François Hollande, et "les années agitées", pour celui de Nicolas Sarkozy. Deux exemples, symbole selon Emmanuel Macron d’un monde politique de querelles et d’ambitions creuses qui ont dégradé la fonction.

Hauteur de vue. La rupture d'Emmanuel Macron, tout l’objet de son discours au Congrès, c’est le retour à une fonction présidentielle qui fixe les grands principes et trace une vision. La sienne est celle du renouveau des pratiques politiques annoncés dans la campagne et dont il ne dévie pas. Pas de surprise, c’est clair, c’est net. Voilà pour la hauteur de vue mais en même temps on retrouve une obsession, son mantra : l’efficacité. Le mot "efficacité" revient quinze fois dans son discours devant le congrès.

Une feuille de route. Une "efficacité" qu'il veut mettre au service des institutions : moins de députés, plus compétents, moins de lois mieux évaluées, etc. Il applique les méthodes du privé au champ politique. C’est le Président manager : hauteur de vue et culture du résultat. Voilà l’équation de son quinquennat. Et pour cela, il va demander à des ministres de remplir une feuille de route avec des objectifs concrets, évalués tous les ans avec le risque de sauter en cas d’échec. Mais aussi secouer les directions d’administration : vous êtes avec nous ou vous êtes remplacés, les hauts fonctionnaires vont devoir suivre des formations accélérées.

Pliez ou vous serez dégagé. Evidemment, c’est une rupture, une révolution culturelle dans un pays très centralisé, à la main des énarques. Et donc, Emmanuel Macron anticipe la résistance, il fera appel au peuple par le référendum si les grands commis de l’Etat se braquent. Et nul doute que ce discours sur l’efficacité, sur l’exigence de résultats le peuple y souscrira sans retenue. Pliez ou vous serez dégagés, c’est la maxime de la séquence électorale qui s’achève et qui a congédié une génération de dirigeants à la culture politique dépassée.