Louvrier : une contrariété supplémentaire pour le clan Sarkozy

Franck Louvrier avec Nicolas Sarkozy (1280x640) Eric FEFERBERG/AFP
Franck Louvrier a été le conseiller en communication de Nicolas Sarkozy à l'Elysée. © Eric FEFERBERG/AFP
  • Copié
et Antonin André avec AFP , modifié à
SOUCI - La garde à vue de l'ancien conseiller en communication, relâché sans poursuites, n'a pas été bien vécue par les proches de l'ancien Président.

Acharnement des juges, scénarisation d'une affaire, justice spectacle : les proches de Nicolas Sarkozy ont réagi avec une certaine vigueur - et un sens de la rhétorique parfaitement maîtrisé - à la garde à vue jeudi de l'ancien conseiller en communication de leur champion, Franck Louvrier, relâché sans poursuites en début de soirée. L'actuel conseiller régional des Pays de la Loire, également président de Publicis Events, avait été placé en garde à vue en début de journée, jeudi, à l'Office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff), pour être entendu dans l'enquête Bygmalion sur un vaste système de fausses factures durant la présidentielle de 2012. "Dès que l'horizon politique se dégage, les juges nous en remettent une couche", a regretté auprès d'Europe 1 un proche de l'ancien président de la République. Alors que le changement de nom de l'UMP vient d'être validé, que le congrès du parti se présente plutôt bien, cette convocation devant la justice est vécue comme un nouveau frein dans la marche du candidat Sarkozy vers la primaire.

"Laissons les juges faire leur travail." Si le placement en garde à vue de Franck Louvrier, qui aura donc duré dix heures, est si mal vécue dans le clan Sarkozy, c'est en raison du degré de proximité entre les deux hommes. Entre 1997 et 2012, Franck Louvrier a en effet été l'un des principaux référents du député, du ministre puis du président Sarkozy. Aujourd'hui, les deux hommes ne travaillent plus ensemble mais se voient souvent en privé.

Cette garde à vue vient rappeler que le nom de Nicolas Sarkozy reste associé à plusieurs affaires en cours. Jamais idéal quand il s'agit de préparer une primaire à l'élection présidentielle, qui s'annonce serrée. "Je crois simplement qu'il faut regarder tout ça avec beaucoup de sang froid et de recul", estime sur Europe 1 le député UMP du Pas-de-Calais, Daniel Fasquelle, actuel trésorier de l'UMP. "On se souvient de l'affaire Bettencourt où il y avait un engouement à chaque nouvel épisode. Tout cela s'est conclu finalement par un non-lieu. On sait très bien que tant que la dernière décision n'a pas été prise, il est difficile de se faire une opinion. Donc laissons les juges faire leur travail et puis, à la fin, vous verrez que, comme dans l'affaire Bettencourt, tout ça se traduira par un non-lieu et que la ou les baudruches auxquelles vous faites allusion finiront par se dégonfler les unes après les autres."

Pour le moment, la baudruche Bygmalion ne s'est pas encore dégonflée et les grands noms de l'UMP l'ont bien compris. Jeudi, aucun d'entre eux n'est monté au créneau pour commenter la garde à vue de Franck Louvrier.

Déjà 10 personnes mises en examen. Dans cette affaire Bygmalion, les enquêteurs ont la conviction qu'un système frauduleux a été mis en place pour que l'UMP prenne en charge quelque 18,5 millions d'euros de dépenses de la campagne de Nicolas Sarkozy, auprès d'Event & Cie, filiale de Bygmalion. Le but de la fraude était d'empêcher que ces dépenses ne soient inscrites au budget de campagne et n'explosent le plafond autorisé de 22,5 millions d'euros (qui a tout de même été dépassé). Pour cela, Event and Cie a émis des fausses factures à l'UMP pour des conventions dont la plupart n'ont pas été organisées, tandis que les factures des meetings apparaissant dans le compte de campagne auraient systématiquement été sous-évaluées. L'existence de la fraude a été reconnue par trois anciens dirigeants de Bygmalion et Jérôme Lavrilleux, ancien directeur adjoint de la campagne et proche de Jean-François Copé à l'UMP. Mais les juges d'instruction veulent savoir quand et par qui la décision a été prise. Dans ce dossier, les juges d'instruction ont déjà mis en examen dix personnes : quatre anciens cadres de Bygmalion, trois ex-cadres de l'UMP et trois responsables de la campagne. Aucun protagoniste n'a mis en cause Nicolas Sarkozy comme ayant eu connaissance de la fraude.