L'exécutif a-t-il les moyens de remanier ?

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CASTING - Alors que le gouvernement s'apprête à effectuer un remaniement ministériel, les noms de plusieurs partants circulent. En revanche, les options de François Hollande pour faire entrer de nouvelles recrues semblent réduites.

Maintes fois repoussé, le remaniement est désormais imminent. Il devrait même intervenir "dans les semaines qui viennent", selon le chef de file des députés socialistes à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux. Selon nos informations, l'exécutif attendrait le dernier voyage de Laurent Fabius, qui doit se rendre en Inde avec François Hollande le week-end prochain.

Fabius et Pinel sur le départ. De fait, c'est le calendrier du ministre des Affaires étrangères qui conditionne celui de l'exécutif. Le départ de Laurent Fabius à la tête du Conseil constitutionnel, début février, est quasiment acté. La ministre du Logement, Sylvia Pinel (PRG), a également confirmé, au début du mois, qu'elle quitterait le gouvernement pour se consacrer pleinement à la vice-présidence de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées.

Stéphane Le Foll pour préparer 2017. Ce sont là les seules certitudes autour de ce changement d'équipe, mais de nombreux autres ministres sont donnés partants ou pourraient changer de portefeuille. Ainsi de Michel Sapin, qui pourrait quitter les Finances pour emboîter le pas de Laurent Fabius chez les Sages. Le principal intéressé avait néanmoins démenti en octobre dernier sur LCP, renvoyant son départ au "deuxième quinquennat de François Hollande". Autre inconnue : Stéphane Le Foll, actuellement ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement, s'apprêterait, selon Le Parisien, à faire ses cartons pour assurer les préparatifs de la campagne de 2017.

Taubira à la Culture ? Le transfert de Christiane Taubira du ministère de la Justice à celui de la Culture est également évoqué. Une hypothèse évoquée car la position de la garde des Sceaux est devenue intenable. Alors qu'elle devait porter le projet de loi constitutionnel, la ministre s'est ouvertement opposé à la mesure phare du texte, l'extension de la déchéance de nationalité. A tel point que Manuel Valls se chargera seul de la présentation de cette réforme devant le Parlement, à partir du mois prochain.

L'hypothèse d'un gouvernement sans Macron. Enfin, Le Parisien révélait dimanche qu'Emmanuel Macron pourrait claquer la porte du ministère de l'Economie, agacé par le phagocytage de son projet de loi NOE (nouvelles opportunités économiques). Mais l'exécutif n'a aucun intérêt à laisser partir son ministre le plus populaire. Surtout, les options qui s'offrent à François Hollande pour remplacer ces départs potentiels sont réduites.

Le PS en manque d'alternatives. Certes, le nom d'Elisabeth Guigou, actuellement présidente de la commission des affaires étrangères à l'Assemblée, circule pour prendre la place de Laurent Fabius au Quai d'Orsay. Moins probable, Hubert Védrine pourrait retrouver le poste qu'il avait déjà occupé entre 1997 et 2002. La solution de facilité serait de faire monter l'actuel secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur, Matthias Fekl. Mais pour les autres ministères, le mystère reste entier. A dix-huit mois de la fin de son quinquennat, François Hollande pourrait vouloir jouer la carte du renouvellement politique que les Français appellent de leurs vœux sondages après sondages. Mais le chef de l'Etat a déjà épuisé nombre de ses possibilités, parmi les quinquagénaires socialistes qui comptent, au début de son mandat. Ainsi, il peut difficilement se tourner vers Benoît Hamon, Vincent Peillon ou Arnaud Montebourg, tous trois mis à la porte en 2014 et très critiques envers sa ligne politique depuis.

Le soutien du PRG. Délicat, également, d'appeler Bruno Le Roux, qui ferait les yeux doux au ministère de la Santé selon Le Journal du Dimanche. Si le député compte parmi les fidèles du président, il lui est également précieux pour tenir les troupes socialistes à l'Assemblée, qui marchent souvent en ordre dispersé. De même, le nom de Jean-Jacques Urvoas a été évoqué au cas où Christiane Taubira quitterait la Justice, mais le député du Finistère est très utile à la tête de la commission des Lois. Reste alors au chef de l'Etat à compter sur ses alliés politiques. Jean-Michel Baylet, président des radicaux de gauche, pourrait ainsi faire son entrée pour contrebalancer le départ de Sylvia Pinel. Mais celui qui est arrivé bon dernier lors de la primaire à gauche, en 2011, n'a jamais caché qu'il visait un ministère régalien sinon rien.

Le casse-tête des écologistes. François Hollande peut également décider de ramener au sein de son gouvernement des écologistes qui en ont claqué la porte au printemps 2014. Jean-Vincent Placé, François de Rugy ou Barbara Pompili se sont ainsi toujours montrés intéressés par une collaboration. Mais depuis leur départ d'Europe Ecologie-Les Verts, à la rentrée 2015, ils n'ont plus de troupes derrière eux. Pas sûr que leur présence soit synonyme de gain électoral pour les socialistes. Au PS, certains préfèreraient donc appeler Emmanuel Cosse, présidente d'EELV. Mais rien ne dit que cette dernière va accepter avant qu'un retour au gouvernement ne soit officiellement approuvé par son parti, qui tiendra son Congrès en juin.

Des portefeuilles élargis. Dernière option pour pallier le manque d'alternatives : élargir les ministères. Si Michel Sapin venait à quitter les Finances, Emmanuel Macron pourrait ainsi se voir confier un "grand Bercy". De même, Patrick Kanner, déjà ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, ajouterait le Logement à ses prérogatives.