Les sondeurs se sont-ils trompés ?

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Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop et partenaire d'Europe 1, répond aux critiques.

A chaque élection, et particulièrement en cas de surprise, le rôle des sondages est questionné. Frédéric Dabi, le directeur général de l'Ifop et partenaire d'Europe 1, réfute point par point les critiques adressées aux sondeurs.

> Ce qu'on leur reproche : ne pas avoir anticipé le taux de participation. Les 44,5 millions d'électeurs appelés aux urnes se sont fortement mobilisés dimanche, au-delà de 80%, démentant des enquêtes alarmantes sur l'abstention. Et pourtant, toutes les enquêtes avaient montré, y compris à l'approche du vote, qu'entre un quart et un gros tiers des électeurs s'intéressaient peu ou pas à la campagne présidentielle. Le record de l'abstention est détenue par Saint-Martin, avec 69,06% de non-votants. A l'inverse, dans le Lot, seuls 13,86% des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes.

> La réponse de Frédéric Dabi : "Ce que nous avions vu venir quand même, c'est une remobilisation dans les derniers jours de la campagne présidentielle. Lorsqu'on a lancé notre premier indicateur de participation, nous étions sur 32% d'abstention, puis 28%, et la semaine dernière nous étions à 25%."

> Ce qu'on leur reproche : avoir sous-estimé le score de Marine Le Pen. Près d'un électeur sur 5 a voté pour la candidate frontiste, qui a obtenu 18% des suffrage et donc la troisième place de ce premier tour. C'est le meilleur score obtenu par le Front National à une élection présidentielle. En 2002, Jean-Marie Le Pen s'était qualifié pour le second tour avec 16,86%. 

> La réponse de Frédéric Dabi : "On l'annonçait à 16,5%. Il faut bien se parler franchement. Qu'est-ce qu'on attend d'un sondage? Si c'est pour donner les scores au point près, ce ne serait pas la peine d'aller voter. Les sondages ont quand même été un élément d'information en donnant dès le début les deux qualifiés pour le second tour, en donnant l'ordre d'arrivée pour les cinq candidats et en indiquant des dynamiques".

> Ce qu'on leur reproche : s'être trompé sur la place de Jean-Luc Mélenchon. Les dernières semaines précédant le premier tour, les médias prédisaient un score bien plus important pour le candidat du Front de gauche, sondages à l'appui. Ce dernier a obtenu finalement 11% des suffrages, alors que plusieurs enquêtes prévoyaient même qu'il obtienne la troisième place, devant Marine Le Pen.

> La réponse de Frédéric Dabi : "Nos trois derniers scores Ifop-Fiducial pour Europe 1 pour Jean-Luc Mélenchon étaient de 14,5%, 13,5% et 13%. Pour Marine Le Pen, nous prévoyions de 15,5 à 16,5%. On a quand même été proche du résultat réel mais ce n'est pas le rôle d'un sondage d'être prédictif, il donne une tendance qui s'est quand même vérifiée".

> Ce qu'on leur reproche : avoir surestimé les résultats de François Bayrou. Le score du candidat MoDem est en-deçà des scores annoncés. Le "troisième homme" de 2007 obtient seulement 9% des sondages, ce qui le place toutefois en arbitre du second tour.

> La réponse de Frédéric Dabi : "Dans les deux dernières enquêtes de l'Ifop pour Europe 1, il était à 10% puis 10,5%. Il fait 9%, franchement ce n'est pas la peine d'en faire un plat".