Les propos de Chauprade (ex-FN) sur la "désislamisation" couverts par l'immunité parlementaire

Le député européen Aymeric Chauprade avait prôné après les attentats de janvier 2015 une "désislamisation" de la France
Le député européen Aymeric Chauprade avait prôné après les attentats de janvier 2015 une "désislamisation" de la France © BERTRAND GUAY / AFP
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avec AFP , modifié à
Les juges ont estimé que les propos tenus par la député européen (ex-FN) s'inscrivaient "dans le cadre d'une session parlementaire".

Le tribunal correctionnel de Paris a jugé mercredi que les propos du député européen Aymeric Chauprade (ex-FN) prônant une "désislamisation" de la France après les attentats de janvier 2015 étaient couverts pas son immunité parlementaire.

Des propos polémiques. "On nous dit qu'une majorité de musulmans est pacifique, certes. Mais une majorité d'Allemands l'étaient avant 1933 et le national-socialisme", affirmait-il notamment. Il appelait aussi à la "lutte pour la 'désislamisation' de notre pays" dans une vidéo diffusée sur Internet. Ces propos avaient suscité de vives réactions, y compris au sein du Front national, dont la présidente Marine Le Pen avait souligné qu'il s'agissait d'une "prise de position personnelle". Elle lui avait retiré son titre de conseiller aux affaires internationales puis ses fonctions de chef de la délégation FN à Bruxelles.

Si le simple fait que les propos litigieux ont été tenus dans les locaux du Parlement européen avec du matériel de l'institution ne suffit pas à établir l'immunité de leur auteur, le tribunal a estimé que ses paroles s'inscrivaient "dans le cadre d'une session parlementaire". Celle-ci se tenait "dans le prolongement immédiat" des attentats, ont estimé les juges. Et "quelle que soit l'appréciation qui puisse être portée sur l'opportunité et la validité" de l'"analyse" livrée par Aymeric Chauprade, elle était en "lien étroit avec un sujet d'actualité brûlante, venant de faire l'objet de débats au Parlement lors de la session", selon le tribunal. Ainsi, pour la 17e chambre, Aymeric Chauprade avait "toute légitimité à exposer son opinion sur les événements tragiques, au retentissement international, qui venaient de se produire et sur les moyens, nationaux comme européens, permettant d'y remédier".

"Une diatribe anti-musulmans". Le parquet, qui avait demandé au tribunal d'écarter l'immunité invoquée par Aymeric Chauprade, a dix jours pour faire appel. Le ministère public, comme la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), avaient estimé lors de l'audience que ces propos n'étaient pas en lien direct avec les débats parlementaires, et s'assimilaient en substance à "une diatribe anti-musulmans", a rappelé le tribunal.