Les programmes des candidats à la primaire de la droite sont-ils tous identiques ?

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TOUS LES MÊMES - Sur le champ de l'économie, les propositions se ressemblent beaucoup. Mais elles diffèrent sur les questions sociétales ou européennes.

"Je lis ce que les uns et les autres proposent. Et ce que je vois, c'est qu'ils disent à peu près tous la même chose." La pique, destinée aux candidats de la primaire de la droite et du centre, est signée François Hollande. Invité mardi sur Europe 1, le président a souligné l'uniformité des programmes de ceux qui, dans l'opposition, briguent l'investiture pour 2017. De fait, en matière d'économie, aucun ne s'aventure hors de la pensée traditionnelle libérale de la droite. Pour se différencier, il ne reste donc aux candidats à la primaire que quelques questions très précises, ou la carte de la surenchère. À moins qu'ils ne déplacent le débat sur le terrain des sujets sociétaux ou européens.

Libéralisme pour tous. Que ce soit avec une "rupture" (Bruno Le Maire), en "cassant la baraque" (François Fillon) ou en se donnant "cinq ans pour l'emploi" (Alain Juppé), grâce à un "sursaut" (Jean-François Copé) ou encore un "contrat de redressement" (Nicolas Sarkozy), les principaux candidats à la primaire de la droite, auxquels s'ajoute le président des Républicains qui ne s'est pas encore déclaré, ne jurent que par le libéralisme.

Prônant des économies de dépense publiques de l'ordre de 100 milliards d'euros, une baisse de la fiscalité, un recul de l'âge de la retraite et la suppression des 35 heures, les candidats souhaitent également revoir les prestations sociales à la baisse. Ainsi, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Bruno Le Maire, François Fillon et Nathalie Kosciusko-Morizet veulent tous rendre l'assurance chômage dégressive. Les points communs sont tels que certains vont même jusqu'à s'accuser de plagiat. Le programme d'Alain Juppé ? "C'est le programme de François Fillon en version dégradée", juge François Fillon lui-même.

Différence de niveau. Dès lors, les différences entre les uns et les autres ne se font plus qu'à la marge. Contrairement à ses rivaux, Nathalie Kosciusko-Morizet n'est pas favorable à la suppression de l'impôt sur la fortune. Mais l'ancienne ministre de l'Environnement n'en juge pas moins cet impôt "inefficace", et reconnaît qu'elle ne le préserve que pour sa "charge symbolique", en promettant des aménagements.

S'ils n'ergotent pas sur des détails, les candidats misent sur des différences d'échelle pour se démarquer les uns des autres. Tous sont d'accord pour supprimer des postes de fonctionnaires, c'est sur l'ampleur de cette suppression qu'ils se déchirent. Alain Juppé vise 250.000 à 300.000 postes de moins. Et lance un "bonne chance et chiche" à François Fillon, qui vise 600.000 suppressions. Mais la fourchette la plus haute revient à Bruno Le Maire, qui veut mettre fin au statut de la fonction publique territoriale, et supprimer ainsi un million de postes en dix ans.

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Sortir du champ économique pour se démarquer. Pour les petits candidats, mettre en avant des propositions singulières permet de sortir du lot. Ainsi, Hervé Mariton, qui voudrait instaurer un modèle de "flat tax", inspiré des Républicains américains. Soit un impôt proportionnel pour tout le monde, fixé à 2% jusqu'à un certain seuil, puis 15% au-delà. Mais c'est surtout lorsqu'ils sortent du champ économique que les candidats à la primaire peuvent marquer leur différence. Nathalie Kosciusko-Morizet ou Alain Juppé, par exemple, ont fait le choix du progressisme sur plusieurs sujets sociétaux, comme le mariage homosexuel, auquel ils sont favorables. Hervé Mariton et Jean-Frédéric Poisson (Parti chrétien-démocrate), en revanche, désirent abroger la loi Taubira s'ils arrivent au pouvoir. En matière d'immigration, François Fillon, lors d'un meeting à Boulogne sur la sécurité tenu au mois de mars, a défendu l'"assimilation" plutôt que l'"intégration". Un discours bien différent de celui d'Alain Juppé, pour qui le concept d'assimilation est "dépassé".

Des propositions différentes sur l'Europe. Enfin, l'Europe, qui était au cœur d'une matinée de travail organisée par Les Républicains mercredi, est également un sujet sur lequel les candidats ont des propositions divergentes. Ainsi, Bruno Le Maire estime indispensable de proposer aux Français un référendum sur "les modifications des traités nécessaires à de nouvelles orientations européennes". Nicolas Sarkozy, lui, s'y oppose. "Je ne crois pas que le référendum soit la meilleure façon de répondre à des questions si complexes", a-t-il déclaré dans une interview au Monde, mardi. Quant à François Fillon, il s'est démarqué lors d'un discours prononcé à Schiltigheim, dans le Bas-Rhin, le 9 mai dernier. L'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy estimait alors que "l'Europe ferait bien de réfléchir à instaurer des taxes anti-dumping à ses frontières".