Les parachutés ont-ils bien atterri ?

Claude Guéant, Ségolène Royal et Jean-Luc Mélenchon.
Claude Guéant, Ségolène Royal et Jean-Luc Mélenchon. © MONTAGE MAXPPP/REUTERS
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LEGISLATIVES - Ces candidats à la députation n'ont pas connu le même sort dimanche soir.

Pour eux, les législatives ne sont pas toujours un long fleuve tranquille. Les parachutés, ces candidats investis dans  des circonscriptions avec lesquelles ils n'ont aucun lien, ont souvent été fraîchement accueillis localement. Ils étaient donc attendus au tournant dimanche soir. Pour certains, l'atterrissage s'est effectué en douceur. Pour d'autres, il s'annonce encore difficile. Enfin, il en est un dont le parachute ne s'est jamais ouvert.
 

# Ils ont choisi le bon parachute

 

cecile duflot MAXPPP 930620

Son arrivée dans la 6e circonscription de la capitale avait été dénoncée à grands cris par la députée PS sortante Danièle Hoffman-Rispal. Mais aujourd'hui, l'écologiste Cécile Duflot peut voir la vie en rose. Investie par l'accord PS-EELV, la ministre du Logement est en ballottage très favorable avec 48,74% des voix. Il ne lui a manqué que 550 voix pour se qualifier directement pour le second tour.
 

Pour Christophe Borgel, le "Monsieur élections" au PS, le ciel commence à s'éclaircir. Son parachutage au détriment d'une femme avait créé un avis de tempête sur dans la 9e circonscription de Haute-Garonne, et divisé les socialistes. Mais avec 29,88% des voix, ce lieutenant de Martine Aubry est en ballotage favorable pour le second tour. D'autant que Thierry Cotelle (MRC), troisième homme avec 15,04% a déjà dit qu'entre la droite et la gauche, sa main n'avait jamais tremblé dans une élection.

Jack Lang à Saint-Dié, dans les Vosges

Son parachutage a ressemblé au tracé du Tour de France. Pressenti dans la Somme, puis dans l'Aisne, Jack Lang s'est longtemps cherché une circonscription. L'ex-ministre de la Culture a finalement atterri à Saint-Dié, dans les Vosges. Le socialiste est en passe de gagner son pari, puisqu'il devance de plus de deux points le sortant UMP Gérard Cherpion, dont les réserves de voix semblent limitées.

Pour lui, ce scrutin constituait un baptême électoral. Et parce qu'il s'agissait de l'un de ses très proches lieutenants, Marine Le Pen a préféréFlorian Philippot à Eric Vilain pour ravir la 6e circonscription de la Moselle à l'UMP. Parachutage plutôt réussi pour cet énarque de 30 ans puisqu'il s'est qualifié pour le second tour derrière le socialiste local, éliminant au passage le candidat de l'UMP. Mais l'arithmétique électorale ne joue pas en sa faveur. Distancé de dix points par le socialiste, Florian Philippot devra jouer de tous ses charmes pour séduire l'électorat UMP.

C'est au peuple de décider", a lancé l'UMP Henri Guaino, avant de réclamer une nouvelle fois un référendum

© Reuters

Ça s'annonçait mal pour l'ancienne plume de Nicolas Sarkozy, dont le parachutage tardif avait été mal ressenti par l'UMP locale. Mais Henri Guaino, qui n'a jamais exercé de mandat électif,  va vraisemblablement pouvoir voler de ses propres ailes. Olivier Delaporte, le candidat UMP dissident de la 3e circonscription des Yvelines, arrivé en troisième position à la législative de dimanche, a annoncé lundi son retrait, laissant la voie libre à l'ancien conseiller spécial de l'ancien chef d'Etat arrivé en tête avec 28,12% des voix.

# Ils connaissent des turbulences

10.06 Ségolène Royal lors du premier tour des élections législatives. 930620

© MAX PPP

Elle n'a pas attendu la victoire socialiste le 6 mai dernier pour briguer le perchoir. Mais aujourd'hui, si elle veut être élue, Ségolène Royal (en tête avec 32,03% des voix dans la 1ère circonscription de Charente-Maritime) le sait : elle va devoir "aller chercher les voix une par une". Malgré les demandes très fermes de la direction du PS, Olivier Falorni (28,91%), le dissident socialiste a annoncé que sa décision de se maintenir était "irrévocable". Rien n'est gagné pour la présidente PS de Poitou-Charentes, d''autant que le patron de la fédération de Charente-Maritime est implicitement soutenu par la droite.

Pour Claude Guéant, prendre son parachute de Paris à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) aurait dû ressembler à une promenade de santé. Mais le voyage en Sarkozye est en train de se transformer en parcours du combattant. Et c'est de son propre camp que vient la difficulté. Certes, l'ex-ministre de l'Intérieur est en tête avec 30,41% des voix devant Thierry Solère (26,89%), dissident UMP et le parti socialiste (13,1%). L'ex-premier flic de France a donc appelé le candidat dissident Thierry Solère à se retirer "pour l'unité de la droite". Réponse de l'intéressé : "Je me maintiendrai au second tour". Les deux rivaux de droite retrouveront au deuxième tour la candidate socialiste Martine Even qui avec 13,10% des inscrits dispose du score nécessaire pour se maintenir.

 # Son parachute a explosé en plein vol

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© CAPTURE ECRAN BFM TV

Il avait fait de sa candidature à Hénin-Beaumont un symbole. Celui de la lutte anti-FN. Mais en partant au front défier Marine Le Pen sur ses terres, le leader du Front de gauche s'est brûlé les ailes. Il est éliminé dès le premier tour. Devant quelques centaines de militants, dimanche soir, Jean-Luc Mélenchon, celui-là même qui enflammait la Bastille il y a quelques semaines, n'a utilisé aucun effet de voix pour reconnaître que c'est son rival PS, qui tentera d'empêcher la patronne du FN d'entrer à l'Assemblée. Pendant ce temps-là, la présidente du Front national exulte. Elle a réussi à faire chuter son adversaire de toujours.  

 

>> Pour voir les résultats dans chaque circonscription, c'est par ici.