Les obsèques de Shimon Pérès, enjeux de campagne en France

L'héritage de l'ancien président israélien est âprement disputé par les politiques français.
L'héritage de l'ancien président israélien est âprement disputé par les politiques français. © AFP
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Antonin André
Nombreuses sont les personnalités politiques à tenter de s'accaparer l'héritage du prix Nobel de la paix.

La grande Histoire est parfois rattrapée par les petits calculs politiques très terre à terre. Preuve en est, une fois encore, avec les obsèques de Shimon Peres. Dans la classe politique française, chacun en profite pour rappeler sa proximité avec l'homme d'État israélien. Ainsi, que Nicolas Sarkozy se rende à son enterrement est une "évidence" pour l'entourage du candidat à la primaire de la droite. Shimon Peres était son ami, ils se voyaient chaque fois qu'il allait en Israël. Shimon Peres était aussi l'ami d'Alain Juppé, mais ce dernier, contrairement à son adversaire, n'a pas été invité. Il se contentera donc d'écrire une lettre personnelle à la famille du défunt.

Captation à gauche aussi. À gauche, les tentatives de captation se multiplient aussi. Anne Hidalgo, en déplacement à Beyrouth, au Liban, va essayer de rejoindre la délégation française. Shimon Peres et elle se voyaient souvent, avaient des amis commun. Même l'Élysée s'y est mis, envoyant mercredi après-midi un e-mail à toutes les rédactions pour rappeler, photos à l'appui que le prix Nobel de la paix a été reçu trois fois par François Hollande depuis le début du quinquennat. 

Délégation réduite. Chacun veut donc sa part de la mémoire de l'homme d'État, sa petite part d'héritage en espérant élargir un peu sa stature. La récupération politique ne fait peur à personne. Reste que c'est l'Élysée qui décide qui fait partie de la délégation qui se rend aux obsèques, et que le nombre de places est réduit à une douzaine. Nicolas Sarkozy, invité par l'État d'Israël en tant qu'ancien président, a d'ores et déjà la sienne. Au Palais, on indique que François Hollande a proposé de le convoyer par "courtoisie républicaine", et que le candidat à la primaire de la droite a accepté. 

Tous en Falcon. La même chose s'était déjà produite en 2013, pour l'enterrement de Nelson Mandela. À un détail près : le cabinet de François Hollande a confirmé mercredi soir que les deux hommes voyageraient dans le même avion, un petit Falcon 7X. Quand on connaît, outre leur rivalité politique, la façon dont l'un et l'autre se qualifient en privé, on ose à peine imaginer à quoi vont ressembler les quatre heures de vol aller et les quatre heures retour. Mais les obsèques de Shimon Pérès valaient bien une trêve dans la campagne.