Les nonistes du PS vont bien, merci

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Voter "non" au traité européen, cela devait "avoir des conséquences". Qu’en est-il vraiment ?

"Il y a une vie collective dans le groupe, des règles de vie commune (...) Il y aura des conséquences". Avant le vote du traité européen à l’Assemblée nationale, Bruno Le Roux, patron des députés socialistes, laissait clairement entendre que les tenants du "non" seraient sanctionnés. On murmurait qu’ils seraient interdits de questions au gouvernement, privés d’intervention en séance ou qu’ils n’auraient pas de rapports à rédiger. Europe1.fr a contacté ces nonistes pour faire le point avec eux. Et le bilan est en fait assez mitigé.

>> DOC - La lettre de menace de Bruno Le Roux (LeLab)

"Cela aurait été une erreur politique de nous sanctionner"

02.11 Barbara Romagnan 930620

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"Ils rasent les murs", se marrait il y a peu encore un député ouiste. La noniste Barbara Romagnan, députée du Doubs, assure aujourd'hui au contraire à Europe1.fr ne pas avoir ressenti "de conséquences particulières" à sa décision, et tient à préciser qu’elle est active au sein de la commission des affaires sociales dont elle fait partie. "Le surlendemain du vote sur le traité, j’ai fait partie des trois intervenants du groupe socialiste sur l’AME." Pas totalement convaincu ? "La semaine dernière, j’ai porté un amendement sur l’exonération de la taxe spéciale sur les conventions d’assurances (TSCA) pour les étudiants", se félicite-t-elle.

Mathieu Hanotin, député de la Seine-Saint-Denis, juge lui aussi que "dans le travail quotidien, cela n’a eu aucune influence". Michel Pouzol abonde dans son sens. Le député de l’Essonne, qui "ne sous-estime pas le fait de ne pas avoir respecté la discipline de groupe", ajoute que "cela aurait été une erreur politique de nous sanctionner, même si j’en comprends la tentation."

Marie-Françoise Bechtel assure, elle, aussi ne pas se sentir "ostracisée. On travaille même dans une bonne ambiance." Cette élue de l’Aisne sera d’ailleurs prochainement rapporteuse du texte sur le terrorisme. Regis Juanico rappelle quant à lui qu’Olivier Dussopt, qui comme lui n’a pas suivi le gouvernement, "a posé une question d’actualité dans l’hémicycle la semaine après le vote du traité." Dont acte.

"Quelques discussions virulentes"

02.11 Mathieu Hanotin 930620

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A les écouter, les nonistes du PS coulent donc des jours heureux dans l’hémicycle. Barbara Romagnan ajoute malgré tout un léger bémol, évoquant tout de même "une défiance chez certains élus." Mathieu Hanotin reconnaît l’existence de "quelques blagues" venant des rangs ouistes, mais prend ça avec bonhommie. Michel Pouzol se souvient, lui, de "quelques discussions virulentes" et de nombreux "agacements", car "les élus de terrain ont certainement moins digéré que nos dirigeants." "Certains auraient aimé faire comme nous…", s’amuse la chevènementiste Marie-Françoise Bechtel.

"Je me demande s’il n’y a pas quelque chose derrière cela…"

Et Bruno Le Roux dans tout ça ? Aucun des députés interrogés par Europe1.fr ne lui en veut d’avoir laissé planer une menace au dessus de leur tête. "Lui aussi a dû vivre des heures difficiles et subir une pression incroyable", juge l’un d’entre eux. Michel Pouzol pense de son côté que le patron des élus socialistes "a prononcé cette phrase dans un contexte tendu, sous le coup de l’énervement. Depuis, il a compris que nous n’étions pas dans la défiance. On a prouvé au quotidien que nous étions solidaires de l’action de la majorité."

Le temps aurait fait son œuvre et Bruno Le Roux aurait donc décidé de tourner la page. Marie-Françoise Bechtel a encore un léger doute, qu’elle exprime dans un sourire : "on me repousse depuis des semaines une question orale à Vincent Peillon. Donc je me demande s’il n’y a pas quelque chose derrière cela…" Une réponse monsieur Le Roux ?