Les ministres à l'heure du déballage

© REUTERS
  • Copié
Fabienne Cosnay et Antonin André , modifié à
JOUR J - En déclarant leur patrimoine, beaucoup ont l'impression de se mettre à nu.

Rendez-vous à 17 heures. C'est une première en France. Conséquence du scandale Cahuzac, les déclarations de patrimoine des ministres seront publiées lundi, à 17 heures, sur le site de Matignon "www.gouvernement.fr".  A la page de présentation de chaque membre du gouvernement Ayrault, sera assorti un onglet spécifique "patrimoine".  Au nom de la transparence et en quelques clics, les Français auront accès aux biens immobiliers, mobiliers, comptes en banque, prêts, produits d'épargne ou œuvres d'art détenus par chacun.

"Où va-t-on s'arrêter ?" A quelques heures de la publication de leurs patrimoines, la plupart des ministres ont encore du mal à accepter de devoir "se mettre à nu" de la sorte. Même ceux qui plaident pour la transparence n'en reviennent pas du niveau de détail qu'ils doivent fournir. "Mes numéros de compte, le prix de mes meubles !" s'emporte un ministre, contacté par Europe 1. "Où va-t-on s'arrêter ? Demain, ce sont les patrimoines de mon conjoint ou de mes enfants que l'on va me demander ?", s'insurge un autre membre du gouvernement Ayrault. Contraints par le président Hollande de se plier à cet exercice de transparence radicale, beaucoup redoutent l'inquisition médiatique et le voyeurisme à venir.

>>> Une déclaration de patrimoine, c’est quoi ?

La crainte du hit-parade. Marylise Lebranchu a confié samedi au Monde ses craintes et redoute les effets pervers de ce grand déballage. "Si on a un hebdo qui, la semaine prochaine, fait sa couverture sur "le palmarès des patrimoines des ministres, ça voudra dire qu'on aura vraiment touché le fond", estime la ministre de la Fonction publique.

Certains en veulent à Hollande. Certains ministres reprochent d'ailleurs à François Hollande d'avoir pris cette décision sous la pression des évènements, sans en mesurer les conséquences. "On enclenche une réforme à la suite d'une faute individuelle. On cède à la dictature de l'émotion comme le faisait Nicolas Sarkozy", déplore "en off" à Europe 1 un ministre expérimenté.

L'Elysée assume. Face à ce flot de critiques, François Hollande tente de rassurer ses troupes. "Oui, ça va être dur, certains vont devoir s'expliquer sur des choses très personnelles", reconnaît un collaborateur du président. Avant d'ajouter : "mais on ne pouvait pas ne rien faire".