Les militants FN contre "Merluchon"

© REUTERS
  • Copié
, modifié à
REPORTAGE - Au meeting de Marine le Pen, les militants nous ont beaucoup parlé de Mélenchon.

Les rames de métro qui mènent au Zénith de Paris sont bondées. Quelques cars de CRS, des militaires armés et un cordon de sécurité encadrent la foule qui se dirige tranquillement vers le cœur de la Cité des sciences. Pas de concert de rock mardi soir. Non, c'est bien Marine Le Pen qui est sur scène. Pour ce dernier grand raout, les militants ont répondu présents, à 5 jours du premier tour. Deux noms sont sur toutes les lèvres, celui de la candidate FN, bien sûr, et... celui de Jean-Luc Mélenchon.

Petit trench noir et cheveux plaqués, Constance, 41 ans, demande son chemin. Elle finit par suivre la foule et accepte de répondre à nos questions. Au-delà des thèmes phares du Front National concentrés autour de l'immigration et la sortie de l'euro, cette militante n'a qu'un seul mot ou nom à la bouche, Jean-Luc Mélenchon. "C'est le pire candidat", soupire-t-elle. Une pointe d'exaspération, la crainte également de voir ce candidat talonner de trop près Marine Le Pen. Pour rappel, les sondages le créditent actuellement de 13 à 15%. Marine Le Pen, elle, oscille entre 15 et 17%.

"Le vote Mélenchon est dangereux"

Née à Minsk, Constance a vécu jusqu'à ses 29 ans en Biélorussie. Elle a bien connu le communisme des pays de l'Ex-URSS et n'hésite pas à faire des rapprochements entre Jean-Luc Mélenchon et Lénine. "Son affiche de campagne emprunte les mêmes codes. La couleur de fond, le regard, c'est la même", lâche cette psychologue. Et d'en rajouter une couche : "le vote Mélenchon est dangereux et contagieux".

Marine-3

James, 47 ans, attend ses amis devant le Zénith. Lui est royaliste. Mais faute de mieux, il vote Le Pen depuis plus de 25 ans. Ce chauffeur de taxi est encore plus remonté contre Mélenchon. "C'est la quintessence de la pourriture républicaine", "un candidat autant dans le système que l'UMPS". En 2002, James jure avoir pronostiqué la surprise du 21 avril. "Les sondages, ce ne sont que des bobards". Celui qu'il appelle "Méchant con" ou "Merluchon" ne "fera pas plus de 8-10%", assure-t-il. Un seul regret dans cette campagne pour ce sympathisant frontiste, le débat Mélenchon-Le Pen sur le plateau de Des Paroles et des actes. "C'est dommage d'avoir cédé, elle aurait dû lui rentrer dedans".

Il est 20h30, après une première partie, courte mais virulente, de Gilbert Collard, les 6.000 militants surexcités accueillent Marine Le Pen. Drapeaux bleu-blanc-rouge agités fièrement, badges Marine Le Pen et cocardes tricolores accrochés ici et là, les frontistes ont fait un effort de préparation à 5 jours du premier tour. Certains ont même filé la métaphore marine. Chapeaux et t-shirts "gars de la marine" pour soutenir encore un peu plus leur candidate.

"Les sondages sous-estiment le vote FN "

Marine

Beaucoup de jeunes dans les premiers rangs s'époumonent à chaque invective de la candidate FN contre ses adversaires. Au "huomètre", le candidat du Front de gauche est le plus sifflé. Debout, plus tranquille, Nicolas ne perd pas une miette du discours. "Elle m'a reboostée", nous glisse ce manager de 26 ans. "Je suis sûr d'avoir fait la bonne décision". Et Mélenchon ? "Il n'y a aucun doute, elle sera loin devant. Les sondages sous-estiment toujours le vote FN".

Après une bonne heure de discours, Marine Le Pen ouvre les bras et reçoit une dernière grosse ovation. Les militants reprennent en chœur la Marseillaise pour clore le meeting. Il est 21h45, les premiers quittent la salle. Edouard, 24 ans, a aimé sa "force de persuasion". Etudiant à Sciences-Po Paris, il se dit de droite et assure déjà qu'il "votera sans problème pour Sarkozy au second tour". Comme la plupart des militants, lui non plus n'est pas inquiet du score de Jean-Luc Mélenchon. Et de conclure : "c'est comme les Verts aux élections européennes. Une sorte de mode le temps d'un scrutin".