Les écolos ont-ils attrapé la "ministrite" ?

EELV espèrere deux à trois postes de ministres ou de secrétaires d'Etat, et nombreux sont les cadres ou élus sur les rangs, une quinzaine au total.
EELV espèrere deux à trois postes de ministres ou de secrétaires d'Etat, et nombreux sont les cadres ou élus sur les rangs, une quinzaine au total. © MAXPPP
  • Copié
L.B , modifié à
Des voix s'élèvent en interne pour dénoncer "la chasse" aux portefeuilles ministériels d'EELV.

"Un gouvernement à 100% socialiste serait une erreur politique". La patronne des écologistes le martèle depuis l'élection de François Hollande : les écologistes sont prêts à entrer au gouvernement. Le Conseil fédéral d'Europe Ecologie-Les Verts en a d'ailleurs voté le principe à 83%. Cécile Duflot l'a d'ailleurs reconnu : "oui, les écologistes font de la politique, dans le bon sens du terme. Ils veulent le pouvoir pour avoir le pouvoir d'agir". Mais à une semaine de la formation du nouveau gouvernement, cette petite musique commence en à irriter plus d'un.

"On en a trop fait"

"La politique ce n'est pas le grand bazar. On n'est pas obligés de dire 'moi je veux ci, moi je veux ça'", a critiqué jeudi le député écologiste Noël Mamère. "Nous n'avons pas à nous soustraire à nos responsabilités. Il faut mettre les mains dans le cambouis. Mais de là à aller lever le doigt pour dire 'et moi et moi et moi', je ne suis pas d'accord. On n'est pas sur une foire", a surenchéri  le maire de Bègles.

Plus tôt dans la journée, c'est Jean-Vincent Placé qui était monté au créneau. "On peut faire un petit peu de mea culpa...Effectivement, nous sommes un peu 'cornerisés' en donnant une image de chasse aux portefeuilles. On en a trop fait". La critique émane du numéro deux d'EELV, Jean-Vincent Placé. Sur RTL, le bras droit de Cécile Duflot a même exprimé jeudi des "excuses" aux électeurs et militants écologistes, qui pourraient penser que la "journée" des écologistes constitue "à courir après François Hollande et ses amis pour obtenir ce maroquin". "Quand on voit la situation du pays, quand on voit la crise économique, sociale et écologique, cette image-là n'est pas bonne", a expliqué le sénateur, jugeant toutefois celle-ci "très largement caricaturée".

Jeudi matin, la patronne des Verts, pressentie pour rejoindre le nouveau gouvernement, a elle-même tenu à faire profil bas : "on ne candidate jamais à un poste de ministre... Ce sont le président de la République et le Premier ministre qui décident", a rappelé Cécile Duflot sur France Info.

"Ils vont se ridiculiser"

Autre voix à s'être élevée jeudi : celle de Gabriel Cohn-Bendit. Jamais très tendre avec Europe Ecologie-Les Verts, qu'il surnomme la "secte verte", le frère aîné du député européen a raillé dans une interview au site d'information Atlantico.fr "la ministrite" des personnalités d'Europe Ecologie Les Verts (EELV). "Ils sont 20-25 à être candidats à des postes, je ne sais même pas s'ils veulent laisser deux ou trois postes au PS dans le gouvernement. C'est aberrant. Ils ne les auront pas et ils vont se ridiculiser",  a dénoncé, non sans une pointe d'ironie, le militant écologiste.

Selon lui, François Hollande - pour qui il a appelé à voter dès le premier tour,  choisira "vraisemblablement" Cécile Duflot car "il a besoin de femmes dans son gouvernement". Celle-ci est selon lui "légitime politiquement" mais n'est "pas compétente", décoche-t-il.

Et histoire de bien enfoncer le clou, celui qui a créé en 2009 l'association "Les Amis d’Europe Écologie" donne un dernier conseil à François Hollande : "en tout cas, je ne mettrais pas Placé, l'assoiffé de pouvoir, ni Eva Joly, qui est un repoussoir".

"C'est bizarre que ce soit Placé qui dise ça"

Des propos que balayés d'un revers de main le député EELV de Loire-Atlantique, François de Rugy ."C'est facile de parler de 'ministrite', confie à Europe1.fr celui dont le nom circule également parmi les possibles ministrables."Très heureux que les écologistes s'inscrivent comme un parti de gouvernement", François de Rugy juge à ce propos "bizarre" la posture de son collègue Jean-Vincent Placé. Comme se plait à le souligner le député Verts, le numéro deux du parti n'a "jamais caché" ses ambitions gouvernementales.