Les dérapages de Le Pen mettent le FN dans l'embarras

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Gabriel Vedrenne aec AFP , modifié à
VIDEO - Jean-Marie Le Pen les a visés au détour d'une sortie antisémite dans une vidéo. Marine le Pen et son parti prennent leur distance.

La sortie. Les tentatives de normalisation de sa fille n'y font rien, Jean-Marie Le Pen reste adepte de petites phrases sulfureuses. Le président d'honneur du Front national s'en est pris aux artistes qui vilipendent son parti, notamment Guy Bedos, Madonna et Yannick Noah, lâchant dans une vidéo repérée par Le Lab d'Europe 1 : "on fera une fournée la prochaine fois". Le fondateur du parti d'extrême-droite s'exprimait dans une vidéo diffusée sur le site internet du FN, retirée depuis mais que Le Lab d'Europe 1 a enregistrée. Marine Le Pen a pris ses distances de façon spectaculaire avec son père après cette nouvelle sortie controversée, qui a créé l'émoi au sein même du Front national, et suscité une avalanche de condamnations des organisations antiracistes.

Le Pen attaque Bedos, Madonna, Noah et Bruel...par LeLab_E1

Une plainte de SOS Racisme. Pour SOS Racisme, cette sortie relève "du plus crasse logiciel antisémite et non du simple dérapage". L'association a annoncé le dépôt d'une "plainte dans les jours qui viennent contre cette immonde et énième sortie" de Jean-Marie Le Pen "qui renoue là avec ses sorties sur le ministre Durafour et sur la Shoah". Or Jean-marie Le Pen a plusieurs fois été condamné pour incitation à la haine raciale ou contestation de crimes contre l'humanité, notamment pour ses propos qualifiant les chambres à gaz des camps de la mort nazis de "détail de l'histoire" ou pour un jeu de mot injurieux sur "Durafour crématoire" en 1988, visant le ministre Michel Durafour.

Patrick Bruel n'a pas tardé à réagir lui aussi, via Twitter : 

 

Le FN de plus en plus tenté de tourner la page. Du côté du FN et de ses alliés, les réactions ont été tout aussi vive, et pas pour prendre la défense du fondateur du parti. Jean-Marie Le Pen "a bien utilisé le terme de fournée, c'est une mauvaise phrase de plus. C'est stupide politiquement et consternant", a rapidement réagi dans les colonnes du Parisien Louis Aliot, vice-président du FN et compagnon de Marine Le Pen.

Gilbert Collard veut, lui, aller plus loin et parle même de démission. Le député Rassemblement bleu Marine (RBM) s'est élevé en termes vifs contre un propos "inacceptable, intolérable" dont les directions du FN et du RBM ne sont "pas responsables". "Ça fait du mal au Rassemblement bleu Marine, ça fait du mal au Front national", a-t-il commenté sur BFM TV, se disant "fatigué" des "bourdes langagières" de Jean-Marie Le Pen. Se posant la question de la diffusion à l'avenir du "journal de bord" de Jean-Marie Le Pen sur le site du FN, Gilbert Collard a suggéré au président d'honneur de prendre sa retraite.

Une réaction qualifiée de "mascarade" par SOS Racisme: "soit les responsables actuels du FN sont incapables de gérer leur parti alors qu'ils prétendent pouvoir gérer la France, soit, et de façon bien plus convaincante, il s'agit d'une hypocrite prise de distance face à la montée d'une polémique mettant à mal leur stratégie de dédiabolisation".

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Le Pen ne comprend pas "cette histoire". Rattrapé par la polémique, Jean-Marie Le Pen s'est expliqué dimanche sur France Info. "A quel moment quelqu’un a utilisé ce mot de fournée dans le sens que semble avoir voulu croire un certain nombre de gens ? C’est dingue ça !", s'est-il emporté. Y compris en visant son propre camp : "s’il y a des gens de mon camp qui l’interprète de cette manière c’est que ce sont des imbéciles !" Et l'ancien chef de file de l'extrême-droite de conclure : "Si désormais on doit s’interdire un certain nombre de mots, les mots en "if", les mots qui ont un rapport avec la guerre... c’est incroyable cette histoire !"

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