Les députés LREM épinglés pour le turn-over de leurs collaborateurs

Les députés LREM sont particulièrement épinglés pour ce turn-over.
Les députés LREM sont particulièrement épinglés pour ce turn-over. © PATRICK KOVARIK / AFP
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avec AFP
Selon une étude de l'association Regards Citoyens, la précarité des collaborateurs parlementaires est bien réelle : la moitié des députés ont employé au moins un collaborateur pour moins de 4 mois. 

Les députés LREM font figure de mauvais élèves en matière de turn-over de leurs collaborateurs, selon l'association Regards Citoyens, qui a étudié les qualités managériales des parlementaires selon l'âge, le genre et l'étiquette politique. Depuis l'affaire Fillon sur l'emploi de son épouse et de ses enfants comme assistants parlementaires, l'Assemblée rend publics les noms des quelque 2.000 collaborateurs des députés.  L'association, qui plaide pour davantage de transparence, a mené son étude, rendue publique mardi, à partir de cette base de données, abondée par des entretiens avec des collaborateurs ou d'anciens employés.

Une durée de moins de 4 mois. La précarité du métier de collaborateur est bien réelle : plus de la moitié des députés ont employé au moins un collaborateur pour une durée inférieure à 4 mois, un turn-over toutefois "très proche de la moyenne nationale pour les entreprises du tertiaire", selon l'étude. "La rotation de l'emploi sur l'ensemble de l'institution est en effet de 66,5% contre 64% au niveau national en 2011 d'après la Dares (statistiques du ministère du Travail). À l'échelle d'une équipe parlementaire, cette rotation est de 53% pour la moyenne des 564 députés étudiés entre octobre 2017 et octobre 2018, contre 58,8% pour les TPE françaises". Mais l'association constate "une vraie disparité" dans les taux de rotation, "anormalement élevés pour 155 députés, soit un quart des parlementaires", qui ont renouvelé de 1 à près de 3 fois l'équivalent de l'intégralité de leur équipe.

Les femmes et les jeunes défavorisés. "Si ces cas semblent essentiellement liés à la personnalité des députés" et pour certains, sont "concentrés en début de session", les analyses ont révélé que ce turn-over dépendait également de trois autres critères. Ainsi, "les députées femmes ont employé en moyenne leurs collaborateurs moins longtemps que leurs collègues hommes (289 jours de contrat pour les femmes, contre 357 pour les hommes)". De même, "plus le député est âgé, plus les contrats des collaborateurs durent". Enfin, "les collaborateurs des députés LREM et non-inscrits ont eu, au cours de la session 2017-2018, des contrats plus courts que la moyenne des députés".

Pour Pierre Januel, collaborateur du groupe écologiste sous la précédente mandature, cette rotation importante "n'est pas le fait que de mauvais employeurs" car dans ce métier "on bouge vite", a-t-il tweeté. L'étude a été réalisée avec des chercheurs de Sciences Po et de l'Université de Genève lors d'un atelier du projet collaboratif "La Fabrique de la Loi".