Les députés disent non au mariage homosexuel

Le mariage homosexuel a échauffé l'Assemblée mardi
Le mariage homosexuel a échauffé l'Assemblée mardi © MAX PPP
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avec AFP , modifié à
L’assemblée nationale a rejeté mardi par, 293 voix contre 222, la proposition de loi socialiste.

Un "non" sans surprise. Comme attendu, les députés ont fermé mardi la porte au mariage pour les homosexuels, rejetant ainsi la proposition de loi du PS. Mais même si la droite reste majoritairement opposée à une telle réforme, les lignes semblent bouger et l’ouverture du mariage aux couples homosexuels pourrait rapidement devenir un thème de campagne pour 2012.

A droite, le blocage persiste

Le clivage gauche/droite demeure sur la question du mariage homosexuel. L’ensemble de la gauche a voté pour la proposition socialiste mardi, tandis que la majorité UMP-Nouveau Centre s’y est largement opposée. Depuis que le texte avait commencé à être débattu la semaine dernière, peu de doutes subsistaient sur l'issue du vote, le gouvernement et la majorité UMP y étant hostiles.

A droite, beaucoup considèrent que le mariage doit demeurer une "institution" réservée aux couples hétérosexuels. Il ne faut "pas aller dans le sens du vent ni céder aux effets de mode", a expliqué le député UMP Michel Diefenbacher lors des explications de vote. "Nous sommes contre l'homophobie mais nous ne voulons pas altérer dans l'inconscient collectif l'image et la fonction du mariage", qui est "une institution" chargée de "la protection du plus faible, à commencer par la femme", a-t-il ajouté.

D’autres préfèrent distinguer le mariage homosexuel des questions liées aux droits des homosexuels. C’est notamment la position exprimée par le patron des députés UMP, Christian Jacob, "Je ne suis pas sûr que la demande d'amélioration des droits pour les couples homosexuels passe nécessairement par le mariage", a-t-il soutenu.

Les lignes commencent à bouger

Toutefois, certaines voix font entendre leur différence à droite. Plusieurs députés UMP ont voté pour le texte, comme Franck Riester. Et au gouvernement, le "non" ne fait pas l’unanimité. La ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, a pris position depuis longtemps déjà pour le mariage entre couples de même sexe. "Je revendique toujours mon adhésion à cette démarche", a-t-elle réaffirmé sur France Culture samedi.

Signe que la droite ne souhaite pas se désintéresser complètement de la thématique, un groupe de travail va se pencher sur les questions liées aux droits des homosexuels, a déclaré Christian Jacob. "Il faudra avancer sur" les sujets liés aux droits des homosexuels, comme "les donations au dernier vivant". "Il y a des pistes qui peuvent être ouvertes", a-t-il dit.

Roselyne Bachelot est pour sa part convaincue que le "sujet sera évidemment dans la discussion pour la campagne présidentielle", où "les uns et les autres auront la possibilité de faire valoir leur arguments", a-t-elle déclaré. Un dossier sur lequel le Parti radical prend une nouvelle fois ses distances avec la majorité, puisque des élus radicaux, dont Jean-Louis Borloo, ont annoncé leur soutien au texte.

Un thème de campagne pour 2012 ?

La droite voudrait-elle alors éviter de froisser une partie de l’électorat à l’approche de 2012 ? Les socialistes entendent en tout cas faire de la question du mariage homosexuel un thème fort de la prochaine campagne présidentielle. Le porte-parole des députés PS, Bruno Le Roux, a affirmé mardi que l'ouverture du mariage aux personnes de même sexe fera partie du premier paquet de réformes si la gauche arrive au pouvoir en 2012.

Malgré le vote de mardi, le débat ne fait donc que commencer.