Les dépenses "bling-bling" de l'Elysée

Argent public et transparence: le député Dosière raconte ses traques
Argent public et transparence: le député Dosière raconte ses traques © MAXPPP
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Hélène Favier , modifié à
Déplacements, communication : pendant 10 ans, René Dosière a traqué les dépenses du Palais. 

Cela a été une "guerre d’usure". Mardi, en présentant son livre L'argent de l'Etat  à paraître cette semaine, le député René Dosière a relaté ses années d'investigations pour traquer les dépenses "bling-bling", selon son expression, de l'Elysée ou du gouvernement, du coût de la garden-party aux effectifs des cabinets. Déplacements, communication, personnel :  ce député apparenté PS a passé au crible les comptes du président. De 2007 à 2012, qu'est-ce qui a changé à l'Elysée. Voici ses réponses ? 

LES MAUVAIS POINTS

Plus de communication - "La communication représente aujourd’hui un budget très important, 7,8 % du budget total de l’Elysée entre 2008 et 2010", fustige le député de l’Aisne. "Aucune entreprise ou collectivité locale dépense à ce point. Ce n’est pas d’une rigueur absolue", estime-t-il.

Plus de déplacements - "Les forces de police mobilisées lors des déplacements de Nicolas Sarkozy en province ont atteint un niveau jamais connu jusqu’à ce jour", insiste René Dosière qui retient un exemple : en mars 2009, l’Elysée a dépensé 400.000 euros pour un déplacement de Paris à Saint-Quentin, soit une distance de 165 kilomètres. Le président se déplaçait alors en Airbus. Au total, René Dosière a calculé que le chef de l'Etat passait 24 heures par semaine en avion.

Autant de frais de bouche - "L’Elysée dépense chaque jour 11.780 euros de denrées alimentaires. Même si on ne dispose pas de chiffre pour comparaison, c’est beaucoup !", indique René Dosière. Et de glisser dans son livre avec ironie : "mes collègues ne manquent jamais de me faire remarquer avec un sourire forcé que les repas deviennent plus frugaux depuis que je me préoccupe du train de vie de l’Elysée et des ministres".

Moins d’aide aux plus démunis - Les "bonnes œuvres" de l’Elysée, elles, se portent mal. Le principe de cette aide aux plus démunis est le suivant : des personnes en difficulté écrivent au président pour demander un recours gracieux. Après lecture de leurs courriers, l’Elysée peut éventuellement leur accorder une aide exceptionnelle de 200 ou 300 euros. Or, depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy, "ces bonnes œuvres de l’Elysée ont considérablement chuté. Elles ne représentent plus que 150.000 euros par an. C’est moitié moins que sous le dernier mandat de Jacques Chirac", précise René Dosière. Quelques chiffres : en 2006, ces aides s'élevaient à 298.055 euros. En 2008, elles n'étaient plus que de 141.069 euros. En 2010, de 164.884 euros. En somme, d'un président à l'autre, de 2006 à 2008, les "bonnes œuvres" de l'Elysée ont fondu de 47,32 %.

 LES BONS POINTS 

Des efforts sur la transparence - René Dosière reconnaît que "dans le domaine de la transparence des dépenses, l'arrivée de Nicolas Sarkozy a marqué une rupture totale et durable", avec notamment la mise en place à partir du 1er janvier 2008 d'un budget autonome pour l'Elysée. "Il est évident qu’on y voit un peu plus clair. On découvre donc l’ampleur des dépenses", confie le député à Europe1.fr. Selon ses chiffres, à périmètre constant - c’est-à-dire en excluant certaines propriétés comme le domaine de Marly-le-Roi qui ont été cédées par l’Elysée -, le budget de la présidence de la République a augmenté de 5,8% entre 2008 et 2010.

Une meilleure gestion du personnel - "La gestion du personnel de l’Elysée a également été rationnalisée. Avant 2007, on ne savait pas combien de personnes travaillaient à l’Elysée", note René Dosière expliquant : "à l’époque, certains fonctionnaires étaient mis à disposition par d’autres ministères sans être gérés, ni même comptabilisés par le Palais. Aujourd’hui, l’Elysée sait exactement combien de personnes travaillent pour lui et combien cela coûte". 

CE QU'IL FAUT CHANGER

A quand le budget de l’Elysée sur Internet ? - Pour améliorer encore la situation, René Dosière souhaiterait que l'Elysée mette "son budget sur internet" et que la Cour des comptes contrôle les budgets 2011 et 2012, ce qui n'est pas prévu. "Ce sera utile pour 2016 et 2017", a-t-il expliqué, à titre de comparaison.