Les choix contestés de Nicolas Sarkozy

Le départ de Michèle Alliot-Marie du Quai d'Orsay a engendré un remaniement des ministères régaliens.
Le départ de Michèle Alliot-Marie du Quai d'Orsay a engendré un remaniement des ministères régaliens. © Reuters
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avec AFP , modifié à
RÉACTIONS - Les critiques fusent après l'annonce du remaniement.

Le remaniement annoncé dimanche par Nicolas Sarkozy fait déjà des vagues. Du PS au FN en passant par Europe Ecologie-Les Verts, les critiques se multiplient quant aux choix du chef de l'Etat.

Invité lundi sur Europe 1, Jean-Marc Ayrault a estimé que ces changements étaient loin d'être suffisants. "Ce remaniement, c'est une sorte de sauve qui peut, de fuite en avant. C'est surtout un aveu d'échec", a jugé le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. "Je ne crois pas que ça suffira à redorer le blason d'un président très impopulaire", a-t-il encore estimé. "On a perdu du temps et c'est le reflet d'un véritable gâchis pour la France (...) C'est du replatrage", a ajouté le maire de Nantes, avant de qualifier le discours du chef de l'Etat de "pathétique".

Pour Ségolène Royal, le locataire de l'Elysée n'assume pas ses erreurs. "Le président de la République est contraint, sous la pression, de limoger dans l'urgence deux ministres qui n'ont pourtant fait qu'obéir à ses ordres", a-t-elle ainsi estimé. Et de rappeler qu’au début de son mandat, Nicolas Sarkozy avait promis qu’il prendrait "personnellement la responsabilité des succès et des échecs". "Aujourd'hui, les échecs sont cuisants. Il en est le seul responsable", a déclaré la présidente de Poitou-Charentes. "Pendant l'année qui lui reste, il doit cesser cette concentration abusive du pouvoir qui (…) mène le pays au désastre", a ajouté Ségolène Royal.

Benoît Hamon, lui, prône un retour aux valeurs :

Pour Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS, le postulat du président de la République est le suivant : "Nicolas Sarkozy avoue ses échecs et y répond par sa candidature". L'arrivée d'Alain Juppé au Quai d'Orsay vise à "contenir François Fillon", la venue de Gérard Longuet à "émietter les centristes". "L'exfiltration de Brice Hortefeux à l'Elysée confirme que Nicolas Sarkozy prépare de l'Elysée sa candidature", argumente aussi le socialiste.

"C'est très inquiétant"

Pour Cécile Duflot, établir un lien entre la révolte dans les pays arabes et le remaniement n'est pas acceptable : "c'était indécent d'utiliser des événements aussi importants, aussi essentiels pour pratiquer un remaniement gouvernemental. Il n'a pas seulement raté une marche, il s'est discrédité en tant que président de la République", a lancé la secrétaire nationale d'Europe Ecologie -Les Verts sur i-Télé.

Marine Le Pen s’est, elle aussi, voulue offensive."Nicolas Sarkozy n'a strictement rien annoncé à part qu'il déshabille Paul pour habiller Pierre et qu'il reprend des genes qui ont oeuvré déjà il y a une quinzaine d'années (...) Ça nous rajeunit vous me direz", a ironisé lundi sur France 2 la présidente du Front national. Et de dénoncer la "menace très lourde de l'arrivée de flux migratoire en raison des révolutions qui secouent le Maghreb".

"Ça aurait dû se faire plus tôt"

Même du côté du centre, les choix de Nicolas Sarkozy laissent sceptiques : "on avait un ministre des Affaires étrangères qui était assigné à résidence", a estimé Hervé Morin lundi sur Europe1, en référence aux polémiques autour de Michèle Alliot-Marie.

Pour Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout la République, ce remaniement met en relief les problématiques d’ego. "Ce sont les mêmes figures qui se disputent les mêmes maroquins, une énième version de l'éternel Tournez manège dont se désespèrent tant les Français", a-t-il moqué dans un communiqué. "En découvrant un mois après tous les observateurs le caractère historique des événements se déroulant dans le monde arabe, il est aujourd'hui totalement décrédibilisé", a poursuivi le gaulliste.