Les candidats poursuivent leur duel à distance

  • Copié
Administrator User , modifié à
L'affrontement entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal se poursuit à distance au lendemain d'un duel télévisé à vif, avec une première conséquence, attendue : François Bayrou ne votera pas pour le candidat de l'UMP. "Je ne voterai pas pour Sarkozy", a déclaré l'ex-candidat centriste après avoir regardé le débat, révèle jeudi Le Monde, sans préciser s'il optera pour Ségolène Royal ou un vote blanc.

Premier effet du débat télévisé entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, l'annonce par François Bayrou qu'il ne votera pas pour le candidat de l'UM. Le candidat centriste, qui détient les clés du second tour de l'élection présidentielle avec ses 6,8 millions d'électeurs, s'était refusé à donner une consigne de vote au lendemain du premier tour, rendant à ses électeurs leur liberté. Selon les instituts de sondage, son électorat se reporterait plus sur la candidate socialiste que sur le président de l'UMP, mais la part d'indécis reste importante. Le président de l'UDF estime que Ségolène Royal, très pugnace mercredi soir face à un Nicolas Sarkozy calme et pondéré mais parfois décontenancé, "s'en est plutôt bien sortie", selon Le Monde, qui prend parti pour la candidate socialiste. "Sa victoire lui donnerait l'autorité pour engager ce travail de réinvention indispensable. C'est un pari. Pour le pays, il mérite d'être tenté", écrit le directeur du quotidien, Jean-Marie Colombani, dans un éditorial. A l'aune du débat de mercredi soir, regardé par plus de 20 millions de téléspectateurs, il salue la "force de caractère, armée pour tous les combats" de Ségolène Royal. Le député UDF européen Jean-Marie Cavada a jugé pour sa part que Nicolas Sarkozy avait "tiré les marrons dans cette affaire". "On s'attendait à ce qu'il soit un peu énervé - il a fait plus cool que moi tu meurs. Ségolène Royal a montré beaucoup de pugnacité. Au fond, on a du mal à dire qui est vainqueur qui ne l'est pas", a-t-il nuancé, reflétant l'égale satisfaction partagée par les deux camps et les appréciations contrastées de la presse française. Nicolas Sarkozy a minimisé l'influence du débat sur le scrutin de dimanche, pour lequel les sondages le donne favori avec 51% à 53% des voix. "Je ne pense pas que tout se joue sur un débat aussi médiatique soit-il. C'est assez méprisant pour les Français de dire ça et de penser ça", a-t-il dit. "Dans l'histoire de la Ve République jamais un débat n'a été dirimant". Le débat, point d'orgue de la campagne présidentielle, a été marqué par de nombreux accrochages entre les deux candidats sur la sécurité, le nombre de fonctionnaires, la semaine des 35 heures, l'énergie nucléaire... "J'ai été un peu étonné parfois d'une certaine agressivité de Mme Royal mais enfin ... C'était peut-être d'ailleurs volontaire, c'était peut-être une stratégie de sa part", a commenté Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal a notamment tenté de déstabiliser le candidat de l'UMP en faisant montre d'une colère maîtrisée à propos de la scolarisation des enfants handicapés.Elle a accusé les gouvernements de droite d'avoir "cassé" le dispositif qu'elle avait mis en place et taxé d'"immoralité politique" Nicolas Sarkozy, qui venait de proposer la création d'un "droit opposable" pour la scolarisation de ces enfants. "J'ai trouvé que c'était quand même une forme d'intolérance", a dit le candidat de l'UMP. Le ministre de la Santé, Philippe Bas, a accusé jeudi dans un communiqué Ségolène Royal d'avoir "asséné des contrevérités", soulignant que "160.000 enfants handicapés ont été scolarisés à la rentrée 2006", contre "90.000" en 2002. Ségolène Royal a revendiqué sur France Inter "une colère saine" et a de nouveau joué la mouche du coche à l'égard de son adversaire. "Monsieur Sarkozy s'est sans arrêt situé en posture de victime alors qu'il a porté les coups les plus rudes", a-t-elle déclaré. "Ça fait penser à ces enfants qui donnent des coups de pied et qui se mettent à crier les premiers pour faire croire que c'est le petit voisin qui a porté le coup". Selon un sondage Opinion Way pour LCI et Le Figaro, 53% des Français ont jugé Nicolas Sarkozy plus convaincant que Ségolène Royal (31%).