Leonarda : l’Elysée en veut aux médias

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et Caroline Roux , modifié à
L’INFO POLITIQUE - Au sommet de l’Etat, on est très agacé par le traitement médiatique de l’affaire Leonarda.

Quand tout va mal, la tentation de trouver un bouc-émissaire est forte. L’actuelle majorité ne fait pas exception. Englué dans la polémique autour de l’expulsion de Leonarda, l’exécutif cherche à tirer les leçons de ses erreurs, et à dégager des responsabilités. Et Caroline Roux, éditorialiste politique d’Europe 1, l’affirme : à l’Elysée, on est très remonté contre les médias.

L’exaspération du Premier ministre face aux médiaspar Europe1fr

"Hollande pense qu’il a été planté par Harlem Désir et par BFM TV". Une scène illustre cette tendance du moment au sommet de l’Etat. Mardi, alors qu’il arrivait à la réunion du groupe socialiste à l’Assemblée, Jean-Marc Ayrault a ainsi commencé par faire la leçon à la presse : "vous êtes bien placés pour savoir qu’il faut, de temps en temps, revenir à l’essentiel et pas seulement rester, comme vous le faites trop souvent, sur l’émotionnel". Le Premier ministre traduisait ici, face caméra, une réelle exaspération. Un haut gradé de la majorité l’affirme : "François Hollande pense qu’il a été planté par Harlem Désir [qui a contredit le président sur le possible retour de Leonarda, Ndlr] et par BFM TV [qui a fait régir la collégienne juste après l'interview du président, Ndlr]". Un ministre, au centre de l’actualité ces derniers jours, en rajoute une couche, n’hésitant pas, en coulisses, à cibler le fonctionnement des médias, et plus particulièrement des chaines d’infos en continu.

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Le culte du secret, c’est fini. Certains conseillers avaient recommandé à François Hollande de ne pas intervenir dans le dossier Leonarda. Le chef de l’Etat en a décidé autrement, mais il ne s’attendait pas à la réponse immédiate de la jeune collégienne. Depuis, le sujet est pris très au sérieux. Un proche du président lui a même fait passer une note sur l’emballement médiatique dans ce dossier. Si l’exécutif ne peut pas maîtriser le rythme médiatique, il peut au moins essayer de maîtriser son message. C’est ce qui explique que mardi, le patron des députés socialistes, Bruno Le Roux (photo), a annoncé que les assistants parlementaires seront dorénavant interdits de réunions de groupe socialiste. Objectif : éviter les fuites dans la presse. Mais un conseiller du président reconnaît que François Hollande ne peut même plus organiser de réunion avec les ténors de la majorité, car plus personne n’a le culte du secret. Et de s’agacer de ces élus socialistes qui en un tweet deviennent le centre du monde.

"Le procédé est grossier". Accuser les médias de tous les maux quand rien ne va, le procédé est classique, et fut déjà utilisé par le camp Sarkozy en son temps. Dans les rangs socialistes, on ne parle  plus de BFM mais de… BFN. Rien de nouveau : pour justifier la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, en 2002, la gauche avait rebaptisé TF1 en TFN. Pour Caroline Roux, "le procédé est grossier, le réflexe attendu, et c’est surtout le signe de la grande fébrilité d’un gouvernement qui n’a pas anticipé l’accélération et qui se retrouve aujourd’hui…dans les cordes".