Législatives : le PS passe à la trappe des propositions-clés du candidat Hamon

Jean-Christophe Cambadélis, à Paris, le 9 mai. AFP
Jean-Christophe Cambadélis, à Paris, le 9 mai. © AFP
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Thibaud Le Meneec , modifié à
Mardi, le Parti socialiste a approuvé un programme pour les législatives de juin. Il fixe des lignes rouges avec Emmanuel Macron et met de côté des éléments emblématiques du candidat PS à la présidentielle.

Parti en difficulté cherche texte pour se relancer le mois prochain. Après sa débâcle au premier tour de l’élection présidentielle, le PS a approuvé mardi en bureau national une plateforme programmatique qui servira de base aux candidats socialistes lors des élections législatives, les 11 et 18 juin prochains. Un texte contesté par les partisans de Benoît Hamon, alors que l’aile droite du parti s’émancipe de plus en plus de Solférino sous l’impulsion de Manuel Valls, désireux d’intégrer la majorité présidentielle d’Emmanuel Macron.

Plus de 49-3 citoyen ni de revenu universel. Appelé "contrat clair pour la France", le document de trois pages ne mentionne pas la sortie du diesel en 2025, tout comme l’abandon progressif du nucléaire à l’horizon 2040. Deux mesures qui figuraient dans le projet présidentiel de Benoît Hamon pour l’élection présidentielle, qui avait évolué sur ces points après son accord avec l’écologiste Yannick Jadot, fin février. Paris-Match révélait, vendredi, que le programme socialiste se limitait, en matière d’environnement, au respect des engagements pris lors de la COP21 et au "doublement du soutien engagé depuis 2012 à l’économie verte".

Une des mesures emblématiques de Benoît Hamon, la mise en place progressive d’un revenu universel d’existence, ne figure pas non plus dans le projet que devraient porter les 577 candidats socialistes aux élections législatives dans un mois. Idem pour le 49-3 citoyen qui permettait à 1% du corps électoral d’imposer au Parlement d’examiner une proposition de loi.

Quelques mesures pro-Macron rejetées. Mais cette plateforme socialiste a été amendée par rapport à la version dévoilée par Paris-Match vendredi. Le texte, supervisé par le hollandais Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Cambadélis, comprenait à l’origine des mesures portées par Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle. C’était notamment le cas de l’exonération de la taxe d’habitation pour 80% des Français ou la suppression de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) hors patrimoine immobilier. L’objectif de cette première version, corrigée mardi, était se rapprocher du programme présidentiel sur certains points pour faciliter les liens avec la majorité. Or, ces points ont disparu de la dernière mouture du texte. En effet, les hamonistes ont réussi à l’amender pour le purger d’une grande partie des références faites au programme d’Emmanuel Macron. Solférino a par ailleurs acté le rejet de la réforme du marché du travail par ordonnances, souhait du nouveau chef de l’Etat dès son installation à l’Elysée.

Le programme de Hollande ? Conclusion, le projet socialiste pour les législatives est dans la continuité du quinquennat qui se termine dimanche : de nombreuses références sont faites au bilan de l’exécutif sur l’école, la sécurité sociale, la justice ou encore la ruralité, accompagnées de mesures censées "conforter", "maintenir" et "renforcer". Comme s’il s’agissait du programme qu’aurait porté François Hollande s’il s’était représenté. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’il n’ait pas contenté les hamonistes, qui ont d’ores et déjà prévu selon Libération de présenter des contre-propositions pour la campagne de leurs candidats.