Législatives : la guerre est lancée à Paris

© REUTERS
  • Copié
avec agences , modifié à
Alors que Fillon serait prêt à se présenter, Dati contre-attaque et parle de "parachutage".

La bataille des législatives à Paris, à l’intérieur-même de l’UMP, est en marche. Alors qu’il hésitait depuis plusieurs semaines, François Fillon se lance dans la bataille. Et c’est à travers la voix de Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat au commerce extérieur, que l’intention du Premier ministre de se présenter aux législatives de 2012 dans la 2e circonscription de la capitale, a été annoncée mardi dans le Figaro.

Ce à quoi Rachida Dati, maire du 7e arrondissement, qui fait partie de cette circonscription, a vivement réagi dès mardi matin sur RTL. Une guerre fraternelle qui augure des mois difficiles, d’autant que la droite parisienne est déjà troublée par des tensions liées aux sénatoriales de septembre prochain.

Taxé de parachutage

La députée européenne, qui brigue cette circonscription, est bien décidée à ne pas se laisser faire. "Je ne vois pas comment François Fillon pourrait arriver, m'évincer (...) et quitter la Sarthe où il a construit sa carrière politique", a-t-elle affirmé. "Ce serait un petit peu ingrat vis-à-vis de ses électeurs et de son département, mais ce serait aussi un peu violent de pratiquer la politique de cette manière", a-t-elle ajouté, parlant de "parachutage". Et d’ironiser : "Je ne savais pas que Pierre Lellouche était le porte-parole de François Fillon. C'est un grand garçon M. Fillon, s'il veut dire des choses il peut les affirmer lui-même."

Même son de cloche du côté du député UMP de Paris Claude Goasguen, qui a estimé mardi, dans les couloirs de l’Assemblée, que Paris "n'est pas l'endroit le plus adapté à des parachutages ministériels". Car si François Fillon, actuellement élu de la Sarthe, se lance dans la course aux législatives c’est parce que qu’il aurait en ligne de mire les élections municipales de 2014. A l’instar de la carrière de Jacques Chirac, la mairie de Paris est en effet considérée comme un marche-pied pour l'Elysée.

Fillon et sa "stature"

Rachida Dati a de quoi s’inquiéter, car l’argument des pro-Fillon est tout trouvé : le Premier ministre serait le seul à avoir la "stature" pour rassembler la droite parisienne. "Le premier ministre est une personnalité susceptible de rassembler au sein de son parti et au-delà", a ainsi estimé le patron de l'UMP-Paris, Philippe Goujon. Le député-maire du 15e arrondissement souhaite "ne pas reproduire le traumatisme" des divisions qui ont mené la droite à l’échec en 2001.

Autre personnalité solidaire de François Fillon : la secrétaire d’Etat chargée de l'Environnement et récemment élue conseillère régionale à Paris, Chantal Jouanno. Dans le Journal du dimanche, elle avait proposé un ticket avec François Fillon à Paris, estimant qu'il fallait un candidat avec "une stature nationale" pour convaincre les Parisiens face à la gauche. Un avis partagé par le président du groupe UMP au Conseil de Paris, Jean-François Lamour, qui a récemment affirmé que Rachida Dati "n’était pas plus légitime que les autres" pour se présenter dans la nouvelle circonscription électorale de Paris

Dati se sent "légitime"

Mais Rachida Dati pense être la mieux placée pour l’emporter l’an prochain. En tant que maire du VIIe arrondissement, elle a assuré mardi matin se sentir tout à fait "légitime" pour briguer ce mandat.

Elle est allée même jusqu'à convaincre les cinq autres maires d'arrondissements de droite de signer un communiqué. Un texte dans lequel ces maires regrettent que le chef de l'Etat ne les ai pas consultés au sujet de la composition de la liste des sénatoriales, qui fait la part belle aux proches du Premier ministre, et en premier lieu à Chantal Jouanno et Philippe Goujon. Une liste née d’un arbitrage du président de la République lui-même, que ces ténors de la droite parisienne contestent ouvertement.

Et Tiberi ?

Le siège convoité aiguise décidément les appétits. Issue du récent découpage électoral, la 2e circonscription regroupe les 5e, 6e et 7e arrondissements de Paris. Et donc le siège de Jean Tiberi, maire UMP du 5e, qui a fait appel de sa condamnation dans l'affaire des faux électeurs, et qui pourrait se représenter. Mardi, l’ancien maire de Paris a confirmé qu’il s’effacerait au profit de François Fillon si le Premier ministre venait à se présenter dans "sa" deuxième circonscription de Paris. Il a également égratigné Rachida Dati, expliquant qu’il ne comprenait pas sa position. "Je l'ai entendue dire un peu partout qu'elle était légitime pour briguer cette fonction. Mais en quoi est-elle légitime", a-t-il lancé au jdd.fr.

Dans cette affaire, c’est le patron de l'UMP, Jean-François Copé, qui devrait être chargé de faire le médiateur. Une tâche qui pourrait s’avérer bien compliquée, d’autant que ses rapports difficiles avec le Premier ministre ont été largement commentés.