Législatives: la difficile campagne à l'étranger

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Les candidats au poste de député des Français de l’étranger multiplient les mails et les kilomètres.

Les élections législatives ont débuté mercredi, du moins pour les Français de l’étranger, qui peuvent déjà voter sur Internet. Ils sont un peu plus d’un millions et doivent désigner onze députés pour les représenter à l’Assemblée nationale. Mais comment faire campagne aux antipodes du globe pour séduire des électeurs éparpillés ?

Une campagne hors-norme dans certaines circonscriptions

Ces premières élections législatives suivent un principe simple : il y a onze sièges de députés à pourvoir, chaque circonscription devant représenter environ 100.000 inscrits. Pour les zones ou les Français sont nombreux, pas de problème : la Suisse représente ainsi une seule circonscription, y faire campagne est donc aisé, d’autant que les expatriés sont concentrés dans l’ouest du pays.

Ailleurs, les choses se corsent, notamment en Asie : la onzième circonscription va de l’Iran à l’Australie, en passant par la Russie et le Japon. Il est donc difficile de mener une campagne électorale classique, faite de meetings et de déplacements sur le terrain. Avoir vécu à l’étranger peut néanmoins aider, grâce à ses connaissances personnelles, qui peuvent être autant de relais d’opinion.

Il n’y a pourtant pas de secret : il faut multiplier les déplacement, à l’image de l’UMP Thierry Mariani, ex-secrétaire d’Etat en charge des Transports et candidat dans cette giga-circonscription asiatique. Ce dernier a effectué 24 déplacements dans la région en l’espace d’un an.

L’Internet, meilleur allié du candidat

"On voyage beaucoup", a confirmé sur France Info Yannick Naudo, candidat écologiste pour la troisième circonscription", avant de reconnaître "qu’il est impossible d’aller partout". "Comme on ne peut pas voir tout le monde, un bon moyen est d’utiliser tous les moyens liés à l’Internet pour essayer de faire passer son message et surtout de créer un dialogue entre les électeurs et nous-même", a-t-il ajouté.

L’Internet est donc devenu le nouveau champ de bataille électoral et les candidats innovent pour se faire remarquer des 700.000 électeurs ayant fourni leur adresse Internet. Ainsi, Janick Magne, candidate Europe Écologie-Les Verts en Asie, s’est convertie aux vidéos virales pour pouvoir communiquer depuis le Japon et rappeler que son adversaire UMP, Thierry Mariani, "n'a jamais vécu à l'étranger".

Faire campagne sur le Web présente néanmoins certaines limites. "Les listes électorales nous sont communiquées par Internet donc chaque candidat peut s’adresser quotidiennement à tous les électeurs. Cela a d’abord un impact, c’est que chaque électeur doit recevoir dix ou douze mails par jour et en clair... cela les gonfle", a confié l’UMP Thierry Mariani, joint par Europe 1 depuis l’aéroport de Singapour.

Tous les candidats jouent-ils à armes égales ?

Les candidats sont censés être sur un pied d’égalité pour faire campagne. C’est le ministère de l’Intérieur qui paye les voyages, avec un plafond. Mais seuls les candidats faisant plus de 5% pourront se faire rembourser leurs frais, ce qui n’arrange pas les "petits" candidats, tant les expatriés ont tendance à voter pour les deux principales formations politiques. Dès lors, difficile de voyager lorsqu’on n’est assuré de récupérer ses investissements.

D’autres candidats n’ont pas ce genre de problèmes. Plusieurs membres du gouvernement sortant ont en effet beaucoup voyagé au cours des derniers mois et sont accusés par leurs concurrents d’avoir profiter de ces déplacements officiels pour faire campagne.

Fredéric Lefebvre est notamment accusé d’avoir sensiblement multiplié ses voyages aux Etats-Unis depuis qu’il a été investi dans la région par l’UMP. Problème : c’est en tant que secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des PME et du Tourisme qu’il s’est déplacé outre-Atlantique. Ces déplacements au nom du gouvernement sortant ont d’ailleurs été quasi-systématiquement suivis de rencontres avec des expatriés et des militants UMP locaux. Un mélange des genres que ses adversaires ne manquent pas de dénoncer, tandis que l’accusé répond que "dans (ses) réunions, (il) ne parle jamais des élections".

Sénatrice PS des Français de l'étranger, Claudine Lepage a également interpellé le ministre de l’Intérieur le 23 février dernier, pointant les déplacements devenus soudainement fréquents de Thierry Mariani et de Marie-Anne Montchamp dans leurs zones de campagne. Dénonçant une "tartufferie" et un "mélange des genres inacceptable", elle estime qu’il y a une "rupture d'égalité" entre les candidats. Réponse le 17 juin prochain.