Législatives : ce qu'il faut retenir des investitures de la République en marche

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Richard Ferrand a dévoilé jeudi 428 candidats investis pour les législatives. © Eric FEFERBERG / POOL / AFP
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Le mouvement d'Emmanuel Macron a dévoilé, jeudi, une grosse partie de ses candidats investis aux législatives. Avec pour mot d'ordre celui du renouvellement.

Les premiers noms sont tombés. Richard Ferrand, secrétaire général de la République en Marche (LREM, ex-En Marche) a dévoilé jeudi devant la presse une liste de candidats investis par le mouvement d'Emmanuel Macron pour les législatives. Liste qui répond à quelques questions, mais en laisse encore beaucoup en suspens.

  • Une sélection drastique

La commission nationale d'investiture (CNI) n'a pas chômé : 350 heures de réunion ces trois derniers mois ont été nécessaires pour trancher la question des investitures. Plusieurs critères ont été appliqués pour choisir, notamment "la connaissance du programme et la capacité à l'expliquer", la popularité au niveau local et "la capacité opérationnelle à faire campagne", a détaillé Jean-Paul Delevoye, président de la CNI. Certains n'ont pas eu à passer d'entretien, et Emmanuel Macron a bel et bien personnellement tranché à plusieurs reprises.

  • 428 candidats en respectant la parité

Pour l'instant, 428 candidats ont été investis, en respectant scrupuleusement la parité, soit 214 femmes et 214 hommes. Ce n'était pas acquis d'avance, la CNI ayant reçu 19.000 dossiers, dont 71% de candidatures masculines pour seulement 29% féminines. Il reste encore 149 circonscriptions à pourvoir en théorie (148 en pratique, puisque LREM ne désignera pas personne face à Manuel Valls dans l'Essonne, cf. plus bas). 

  • Quelques têtes d'affiche

Plusieurs personnalités investies sont plus connues que les autres. On notera ainsi la présence du mathématicien Cédric Villani dans l'Essonne, celle de Gaspard Gantzer, conseiller communication de François Hollande, en Ille-et-Vilaine, ou encore l'ancienne torera Marie Sara, dans le Gard. Côté politiques, François de Rugy est candidat en Loire-Atlantique, Richard Ferrand dans le Finistère, et Christophe Castaner dans les Alpes de Haute Provence.

  • Plus de la moitié issus de la société civile

C'était l'un des engagements d'Emmanuel Macron : la moitié de ses candidats aux législatives seraient issus de la société civile et n'auraient donc jamais exercé quelque mandat électif que ce soit. Pour l'instant, pari tenu. Selon Richard Ferrand, 52% des investis sont dans ce cas. Reste à voir dans le détail s'ils ont bel et bien été placés sur des circonscriptions gagnables ou non. Et si le pourcentage est toujours respecté une fois la liste complétée.

 

  • Renouvellement par l'âge

En plus d'être souvent des néophytes en politique, les candidats LREM sont jeunes : 46 ans en moyenne, quand l'âge moyen des députés sortants est de 60 ans. Le plus jeune candidat a 24 ans, la plus âgée 72. L'écrasante majorité (93%) est en activité professionnelle, 2% sont en recherche d'emploi, 4% sont retraités et 1% étudiants.

  • 24 députés (PS) investis

Pour l'instant, 24 députés ont été investis, tous issus du Parti socialiste. À la question de savoir si certains élus PS avaient été recalés, Richard Ferrand a répondu positivement. "Et ils sont nombreux." Le secrétaire général de LREM a par ailleurs précisé que la commission se laissait "le temps" de "maintenir vivant un espace permettant la recomposition politique". Sans périphrase, cela signifie que des ralliements de la droite sont attendus -et même souhaités- dans les prochains jours.

  • Pas de candidat LREM face à Manuel Valls

L'épineuse question de l'investiture de Manuel Valls a finalement été tranchée : l'ancien Premier ministre n'aura pas l'étiquette LREM dans sa circonscription de l'Essonne. En revanche, il n'aura pas non plus de candidat face à lui. "Nous estimons que nous ne devons pas claquer la porte au nez d'un ancien Premier ministre", a justifié Richard Ferrand.

  • Ces circonscriptions en attente (et ce n'est pas un hasard)

Sur les 148 circonscriptions qui restent à pourvoir, plusieurs sont préemptées par des poids lourds de la politique. Et le fait que LREM n'y ait pas désigné de candidat ne doit rien au hasard. Ainsi, personne n'a été investi face aux députés LR proches de Bruno Le Maire, Franck Riester (cinquième circonscription de la Seine-et-Marne) et Thierry Solère (neuvième dans les Hauts-de-Seine). À Paris, personne non plus face à Nathalie Kosciusko-Morizet. Or, toutes ces personnalités de droite, modérées, sont pressenties pour, sinon s'allier, du moins coopérer avec une majorité présidentielle.

De même, aucune investiture LREM face à Myriam El Khomri dans le 18e arrondissement de Paris n'a été arrêtée. Tout comme dans la troisième circonscription d'Indre-et-Loire, celle de Marisol Touraine, ou la quatrième de la Sarthe, dont est issu Stéphane Le Foll.

  • Déjà des couacs

L'annonce des investitures a été perturbée par des couacs. Le premier lié à Mourad Boudjellal, président du club de rugby de Toulon, et annoncé candidat dans le Var. Le principal intéressé a immédiatement déclaré dans Var Matin qu'il n'était en réalité pas candidat. Contactée par FranceInfo, l'équipe de LREM a déploré un "mauvais copié-collé".

Par ailleurs, Stéphane Saint-André, député PRG investi dans le Pas-de-Calais, a indiqué sur Facebook qu'il "refusait" l'investiture. "Je n'ai pas pour l'instant une parfaite information des engagements que je devrai prendre", explique celui qui est aussi président des Voies navigables de France. En tant que tel, il s'inquiète de rumeurs selon lesquelles Edouard Philippe, député LR juppéiste, pourrait être nommé à Matignon. Or, Edouard Philippe est "un opposant farouche au Canal Seine-Nord", explique Stéphane Saint-André, ce qui est pour lui un casus belli.

Autre couac : l'investiture de Thierry Robert à La Réunion. Alors que l'un des critères devait être le casier judiciaire vierge, ce député sortant MoDem a déjà été condamné pour diffamation à l'encontre d'un autre élu. Son nom devrait être "rayé" prochainement, a assuré LREM à L'Express

Enfin, François Pupponi, maire de Sarcelles, dont le nom apparaît pour la huitième circonscription du Val d'Oise, est en réalité déjà investi... par le PS.