Le site de Royal ? "Presque un suicide numérique"

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Abandonnée par ses anciens stratèges, Ségolène Royal a lancé une nouvelle version de Désirs d’avenirs qui fait l’unanimité contre lui.

"C'est pas au niveau" : le commentaire, lapidaire, décrit le nouveau site internet de Désirs d’avenir, l’association politique de Ségolène Royal, mis en ligne mardi soir à l’occasion de la diffusion d’une vidéo de la candidate.Son auteur ? Benoît Thieulin, l’ancien manager du volet web de la campagne de la candidate socialiste, en 2007, qui avait déjà esquissé son autopsie dans un message remarqué, posté sur Twitter un peu après minuit, dans la nuit de mardi à mercredi. "C'est presque un suicide numérique : née sur Internet elle y sombre ... Assez triste quand même, quel gâchis...", écrivait-il.

La pique révèle un sentiment largement partagé sur le web : sur le fond et sur la forme, le nouveau site internet de Désirs d’avenir, fait l’unanimité contre lui. Fabriqué notamment à partir d’un fond d’écran gratuit pour Windows Vista, comme l’a remarqué Emile Josselin, journaliste chez 20minutes.fr, il est brocardé par les internautes, qui le jugent "moche" et moins à même de susciter une nouvelle forme d’engagement politique sur le web. Un concours de "détournements" du site a même été mis au point.

"J'assume totalement l'avoir choisi sur une base de donnée gratuite d'internet parce qu'elle me plaisait", s'est justifiée mercredi soir Ségolène Royal en réponse au flot de reproches contre cette image. A l'écoute des reproches, l’ex-candidate à la présidentielle annonce la création de plusieurs rubriques : petites annonces, "boutique en ligne"...Elle invite même aux suggestions et aux initiatives pour l'améliorer.

Techniquement, il ne semble pas non plus au point : l'intervention vidéo que Ségolène Royal devait mettre en ligne mardi "entre 17 heures et 18 heures", n'a été disponible que deux heures plus tard, et se lance automatiquement à l'ouverture de la page : aucune trace d'une fonction "pause", par exemple.

"J'en ai gros sur la patate", résume par exemple Dagrouik, blogueur encarté au Parti socialiste et proche de l’ancienne équipe de Désirs d’avenir, qui raconte : "Depuis 2006 je n'ai pas compté les journées, les soirées, les nuits perdues. En particulier jusqu'au 6 mai 2007 [...]. Là, on gâche tout."

Mais les conditions de l’élaboration de Desirsdavenir.com - qui succède à desirsdavenir.org - traduisent également un certain isolement de Ségolène Royal vis-à-vis des instances de la rue de Solférino, et d’une partie de ses anciens soutiens. L’Express a par exemple révélé que Pierre Bergé, l’un des mécènes de Ségolène Royal, avait refusé de payer le devis d’une prestation de service se chiffrant à un peu plus de 40.000 euros, au bénéfice de la société de son nouveau compagnon, André Hadjez, pour une "mission web". Ségolène Royal réfute cette "insinuation fielleuse" : "Aucune facture n'a été présentée à Désirs d'Avenir pour la construction de ce nouveau site. Mieux, nous avons réalisé des économies car ce nouveau site coûtera en fonctionnement douze fois moins cher que le précédent" assure t-elle

Pire encore : les anciens lieutenants de Royal sur le web sont désormais rangés aux côtés des responsables de la rue de Solférino. Ainsi, La Netscouade, l’agence de conseils en stratégie web fondée par Benoît Thieulin, est-elle chargée de développer LaCooPol, le nouveau "réseau social du PS", dont l’existence a été dévoilée par Martine Aubry, lors de l’université d’été du PS.

Interrogé par europe1.fr, Benoît Thieulin affirme qu’il n’avait plus de contact avec les équipes de Ségolène Royal "depuis deux ans". "Il n’y avait pas de contrat entre Désirs d’avenir et La Netscouade", dévoile-t-il encore. Et, ajoutant un peu plus aux relations tendues entre le Parti socialiste et Ségolène Royal, il pronostique que "le vrai successeur de Désirs d’avenir ce sera LaCooPol, le réseau social de la gauche…"