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Invité de la matinale d'Europe 1, mercredi, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a dénoncé le choix du Sénat de saisir la justice pour le cas de trois collaborateurs d'Emmanuel Macron dans le cadre de l'affaire Benalla.
INTERVIEW

Un véritable "coup de canif dans la confiance" entre le Sénat et la majorité. Jeudi, dans le cadre de l'affaire Benalla, le bureau du Sénat a décidé de renvoyer trois des plus importants collaborateurs d'Emmanuel Macron devant la justice. Mercredi, au micro Europe 1 d'Audrey Crespo-Mara, le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand a dénoncé "de la politicaillerie" de la part de la chambre haute.

"Quelque chose d'incorrect"

"Aussi vrai qu'il y a eu deux personnes qui ont menti (Alexandre Benalla et Vincent Crase, NDLR), qu'il y a eu une commission d'enquête et que mes collègues sénateurs saisissent la justice, ils ont eu raison", a-t-il d'abord concédé. "Ensuite, utiliser des instruments de contrôle démocratique pour mettre en cause des hauts fonctionnaires qui, eux, n'ont pas menti, c'est politicien, ça abaisse l'enjeu du contrôle et de l'évaluation démocratique."

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En réponse à cette décision du Sénat, Édouard Philippe a décidé de ne pas se rendre aux questions au gouvernement du Sénat. De son côté, Richard Ferrand a refusé d'aller à une conférence qu'il devait tenir avec le président du Sénat, Gérard Larcher, à Sciences Po Lille, vendredi. "La franchise des actes, c'est mieux que l'hypocrisie des faux semblants. Il y a quelque chose d'incorrect qui a été fait", justifie vendredi Richard Ferrand.

Alerte sur la réforme constitutionnelle

"Il faut marquer le coup quand on a le sentiment profond qu'une procédure démocratique est utilisée à des fins politiciennes", poursuit le président de l'Assemblée. "Qu'on essaye de tirer sur le pelote pour porter atteinte à la séparation des pouvoirs. C'est grotesque."

En attendant, la réconciliation n'est pas prévue pour tout de suite entre les présidents des deux chambres législatives. "J'ai estime et respect pour le président du Sénat. Débattre, s'engueuler, c'est la démocratie française", dit pourtant Richard Ferrand, qui ne manque pas d'avertir son homologue du Palais du Luxembourg en vue de l'examen futur de la réforme constitutionnelle : "Il faut que des signes de confiance soient donnés. On a bien compris que selon des intérêts très court-termistes, tout peut être remis en cause. Nous serons vigilants."