"Le RN s'enferme dans sa stratégie de la défaite" : un ancien patron de fédération charge Marine Le Pen

Eric Dillies 1280 DENIS CHARLET / AFP
En 2008, Eric Dillies, candidat à la mairie de Lille, posait au côté de Jean-Marie Le Pen, alors président du FN. © DENIS CHARLET / AFP
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Lionel Gougelot, édité par Anaïs Huet
Éric Dillies, militant historique du Front national et délégué départemental dans le Nord pendant plusieurs années, a décidé de quitter le Rassemblement national. Il s'en explique sur Europe 1.
TÉMOIGNAGE

Entre les soucis judiciaires et financiers, et un entourage politique qui se carapate, cela fait plusieurs mois que les oreilles de Marine Le Pen sifflent. Éric Dillies fait partie de ces militants pour qui la coupe est pleine. Ce Lillois, délégué départemental du Front national de 2008 à 2014, deux fois candidat aux municipales à Lille, a décidé de claquer la porte du Rassemblement national. Il s'en explique.

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Marine Le Pen décrédibilisée. "Marine a perdu la confiance d'une grande majorité de Français. (…) Je pense que ce système est fini. Plus le Front avance, plus il s'enferme dans sa stratégie de la défaite", a-t-il estimé au micro d'Europe 1, jeudi. Malgré la réduction du train de vie du parti orchestrée par son trésorier Wallerand de Saint-Just, la dette du parti continue de courir, atteignant plus de 13 millions d'euros. "Il est difficile d'expliquer à la France entière que l'on va restaurer les finances quand on n'est pas capable de gérer un parti", fustige-t-il.

Entendu sur europe1 :
Aujourd'hui, c'est 'tu obéis, et tu la fermes'. Point barre"

La démocratie au sein du parti mise à mal. Éric Dillies ne cache plus sa rancœur quant à la situation financière calamiteuse du parti, mais aussi quant à la démocratie qui s'exerce au sein du Rassemblement national. "Avec un passif pareil, on est à deux doigts de la faillite complète. Comment peut-on être crédible sur ce sujet ? Surtout quand on voit que certaines personnes gagnent 12.700 euros par mois en étant dans son entourage… Il y a un sens du sacrifice à géométrie variable", dénonce le militant d'extrême-droite.

"Il y a un entêtement, un refus de regarder les choses en face, et d'exposer aux militants la réalité de la situation. On cache, on n'est plus dans la transparence, on n'est plus dans l'ouverture, ni dans le dialogue avec les militants. Aujourd'hui, c'est 'tu obéis, et tu la fermes'. Point barre".

Entendu sur europe1 :
Il y aura d'autres démissions, car beaucoup de personnes se posent des questions

Le traumatisme du débat de l'entre-deux tours. Dès lors, c'est la tête du parti qu'il vise : Marine Le Pen. Selon le nordiste, la présidente du parti souffre carrément d'un manque de compétences. "En économie, c'était manifeste. Lors du débat de l'entre-deux tours, elle ne maîtrisait pas ses dossiers", se souvient-il amèrement. "On mesure assez mal quel a été le traumatisme, l'effondrement de la confiance qui a eu lieu lors de ce débat. Ça pèsera nécessairement dans l'élection de 2022. Je pense qu'il y aura d'autres démissions, car beaucoup de personnes se posent des questions", présage Éric Dillies.

"On appelle en permanence au patriotisme, au sens du sacrifice, mais ça ne marche plus. On n'est plus en 1914 où les gens allaient se faire fusiller pour faire plaisir au général, c'est fini ça. Ce monde-là est terminé. (…) Aujourd'hui, il faut envisager l'après-Front."