Le référendum, c'est tout bon pour Fillon

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Rémi Duchemin, avec AFP , modifié à
STRATEGIE - L’initiative de Bernard Accoyer devrait être profitable à l’ex-Premier ministre.

L’INFO. Bernard Accoyer a annoncé mardi qu’il organiserait mardi prochain, dans la salle Colbert de l’Assemblée nationale, un référendum à tous les parlementaires UMP, députés, sénateurs et eurodéputés. Ils devront se prononcer "pour ou contre la tenue avant l'été 2013" d'une nouvelle élection du président du parti. L’ancien président de l’Assemblée nationale, qui fait partie des non-alignés de l’UMP, se prévaut d’une cinquantaine de soutiens parmi les parlementaires UMP.

>> Voici pourquoi François Fillon a accueilli l’initiative avec satisfaction.

Ça colle avec le scnério Fillon. Un nouveau vote avant l’été 2013, c’est justement la solution prônée par François Fillon lors de son passage à Europe 1 mardi matin. "S'il s'agit de revoter avant l'été avec une réforme des statuts en ouvrant complètement le jeu à de nouvelles candidatures pour assurer une sorte de réoxygénation de notre parti politique, j'y suis favorable", a déclaré le député de Paris.

Pour rappel, Jean-François Copé souhaite lui une nouvelle élection après les élections régionales de 2014.

Les fillonistes sont sûrs de l’emporter. Le "oui", qui a donc les préférences du camp Fillon, devrait l’emporter haut la main mardi prochain. L’ancien Premier ministre sait qu’il peut compte d’ores et déjà sur les 73 membres de son groupe parlementaire, le R-UMP. Et il sait que parmi les 121 élus restés fidèles au groupe UMP officiel, se trouvent beaucoup de non-alignés, soucieux de sortir au plus vite de la crise.

Au Sénat, où l’UMP compte 131 élus, le rapport de force est très largement en faveur de l’ancien Premier ministre. Pendant la campagne pour la présidence de l’UMP, 71 sénateurs s’étaient prononcés en sa faveur, contre seulement 28 pour le député-maire de Meaux, selon un décompte du monde.fr. Au Parlement européen, 13 des 24 eurodéputés UMP s’étaient prononcés pour François Fillon, contre une dizaine pour Jean-François Copé.

NKM

Au final, sur les 349 parlementaires que compte l’UMP, au moins 157 devraient voter pour le "oui" à ce référendum interne. Et sans doute beaucoup plus, puisque les non-alignés ont accueilli favorablement la proposition de Bernard Accoyer. Nathalie Kosciusko-Morizet, l'une des chefs de file des non-alignés, s'est aussi déclarée "favorable" à l'initiative. "Tout ce qui peut nous aider à aller vers ce nouveau vote est une bonne chose", a-t-elle estimé à l'issue des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.

Copé se retrouvera piégé. Si la participation est à la hauteur des espérances de Bernard Accoyer, alors Jean-François Copé aura bien du mal à balayer d’un revers de manche le résultat de ce referendum. "Dire que les parlementaires ne sont pas légitimes... Il faudrait que M. Copé ose le dire officiellement", a ainsi réagi le filloniste Eric Ciotti, cité par une journaliste du JDD sur Twitter. "Personne ne pourra s'opposer à ce qui aura été l'expression des parlementaires de notre famille politique", a abondé Laurent Wauquiez dans les couloirs de l’Assemblée.

D’ailleurs, les copéistes renâclent… La proposition de referendum n’a apparemment pas soulevé un franc enthousiasme chez les soutiens de Jean-François Copé. "Chaque semaine, on voit son lot d'initiatives, certaines heureuses, d'autres moins, peu importe, mais c'est Copé et Fillon qui sont en responsabilité. C'est d'eux que viendra la solution et pas d'ailleurs", a ainsi réagi le président du groupe UMP, Christian Jacob, proche de Jean-François Copé, cherchant par avance à minimiser la portée de l’initiative.