A La Rochelle, le PS cherche la bonne formule

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Louis Hausalter et Aurélie Herbemont, envoyée spéciale à La Rochelle , modifié à
AMBIANCE - L'université d'été socialiste s'ouvre vendredi. Et les échanges s'annoncent mouvementés.

Il y a de l'électricité dans l'air à La Rochelle. Une fois n'est pas coutume, l'université d'été du Parti socialiste s'annonce mouvementée. Car après cette folle semaine de remaniement, le parti semble plus divisé que jamais. La nomination de l'ex-banquier Emmanuel Macron à Matignon et les propos très conciliants de Manuel Valls devant le Medef ont remonté à bloc les partisans d'une autre politique économique, qui comptent bien donner de la voix.

"C'est le premier rassemblement des socialistes depuis la défaite des élections municipales. Ils en ont peut-être encore un peu gros sur la patate", constate Jérôme Guedj, membre de la remuante aile gauche du PS, au micro d'Europe 1. "Ils ne sont pas tenus par une obligation de loyauté. Ils vont dire ce qu'ils pensent de cette politique économique", prédit-il.

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Montebourg et Hamon vont parler. Samedi, les "frondeurs" lanceront un mouvement baptisé "Vive la gauche", auquel ils espèrent rallier plusieurs centaines de militants. Un nom un brin provocateur à l'égard de l'exécutif. Mais ce que François Hollande et Manuel Valls redoutent aussi, ce sont les interventions des désormais ex-ministres, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, qui participeront à des tables rondes prévues avant leur sortie du gouvernement. Ironie du sort : écarté de Bercy après ses critiques de la ligne économique du duo exécutif, Arnaud Montebourg dissertera sur "le volontarisme politique pour le développement de l'économie".

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En face, les pro-Hollande comptent serrer les rangs. Jeudi, 203 députés PS ont lancé un appel au "rassemblement", demandant à leurs collègues "frondeurs" d'être "pleinement responsables de l'intérêt général de la gauche et du pays". Jean-Christophe Cambadélis, qui vivre sa première université d'été en tant que premier secrétaire, a mis en garde dès jeudi : "les socialistes et la gauche sont condamnés à surmonter leurs divergences".

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"Il faut que les idées viennent d'en bas". Il n'empêche : parmi les militants, on retrouve les divisions des élus. Celui-ci ne se reconnaît plus tellement dans la ligne du gouvernement : "c'est du socialisme à la Hollande. Ça manque de social, c'est clair", assène-t-il au micro d'Europe 1. Pour lui, "il faut que les idées viennent d'en bas, et ne soient pas écrites en haut et simplement paraphées par les colleurs d'affiches, qui voudraient avoir un peu plus la parole".

A contrario, Kamel se sent en phase avec l'exécutif. "Les entreprises, c'est ce qui fera marcher le pays, c'est ce qui fera réduire le chômage", estime-t-il. "A un moment donné, il faut laisser derrière nous toutes les idées d'extrême gauche". Le député "loyaliste" Carlos Da Silva abonde : "on ne va pas s'excuser de tenter de sortir la France de l'ornière, tout de même".

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Des sifflets pour Valls ? Autant dire que Manuel Valls est particulièrement attendu au tournant. Jeudi, le Premier ministre a fait un aller-retour express à La Rochelle pour rencontrer les élus réunis en séminaire. "Une opération séduction", s'amuse l'un d'entre eux. Comme s'il fallait déminer le terrain avant son grand discours de dimanche. Malgré tout, un proche de Valls n'exclut pas que le locataire de Matignon essuie quelques sifflets. Le prix à payer pour la standing ovation qu'il a reçue mercredi à une autre université d'été, celle du Medef ?

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