Le PS se frotte les mains du retour de Sarkozy

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Ils sont nombreux, à gauche, à estimer que le retour de l'ancien président dans le paysage va permettre de rassembler tout le monde.

"C'est toujours un moment délicat de quitter la vie publique. (…) Il y en a qui ne s'y résignent jamais." Même depuis Dakar, où il assistait au sommet de la Francophonie, François Hollande a eu une petite pensée narquoise pour Nicolas Sarkozy. "Il ne le sous-estime pas. Il pense qu’il sera le candidat de la droite" en 2017, confie toutefois une ministre. Et cela convient au chef de l'Etat, comme à l'ensemble de la gauche, bien contente d'avoir en face d'elle un opposant identifié.

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"Il y a enfin un leader de l'opposition !" "L'avantage avec lui, c'est que c'est un épouvantail pour la gauche. On a enfin un adversaire sur qui taper !". Le SMS de Yann Galut, député PS du Cher, est lapidaire, mais sans équivoque. Pour Olivier Faure (photo), porte-parole du Parti socialiste contacté lundi par Europe1.fr, "le retour de Sarkozy va permettre d'organiser la confrontation démocratique. Pendant plus de deux ans, l'absence de l'UMP a posé problème car le seul débat était au sein même de la gauche." Un argument qui revient. "Depuis samedi soir, il y a enfin un leader de l'opposition !", se félicite lui aussi Luc Carvounas, sénateur du Val-de-Marne, joint par Europe1.fr. Une position partagée par nombre de leurs camarades, à commencer par le premier d'entre eux, Jean-Christophe Cambadélis.

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Invité dimanche du Grand Rendez-vous d'Europe 1, le premier secrétaire du PS a en effet estimé que l'élection de l'ancien chef de l'Etat "est une bonne nouvelle pour la gauche parce que le temps du 'tous contre le PS' s’achève. C’est l’heure des choix, programme contre programme. Les Français ne seront plus dans la situation que nous avons connue pendant deux ans, avec personne face à nous", a-t-il estimé, avant de proposer un débat à Nicolas Sarkozy. Ou comment le ramener à sa condition de "simple" chef de parti.

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"On est très loin de l'image de rassembleur". Outre la présence d'un adversaire bien identifié, le retour de Nicolas Sarkozy va également, selon les élus PS interrogés, braquer les projecteurs sur les errements de la droite. Et lancer la bataille de 2017, qui s'annonce sanglante tant les ambitieux ne manquent pas de ce coté de l'échiquier politique (Juppé, Fillon, Le Maire, Bertrand, NKM, Wauquiez etc…) "D'homme providentiel il n'y a point eu. On savait que Sarkozy pouvait diviser la France, on sait maintenant qu'il peut diviser son camp. On est très loin de l'image de rassembleur", tacle Olivier Faure. Le refus de François Fillon de siéger dans "le comité des anciens Premiers ministres" voulu par Sarkozy donne encore un peu plus de poids à ce constat.

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Pour Thierry Mandon,  secrétaire d'Etat à la Réforme territoriale, "les militants UMP ont hésité à choisir quelqu'un qui les a menés à la défaite, les a ruinés et devra passer plus de temps avec ses juges qu'avec eux. (…)  C'est d'ailleurs inquiétant pour l'opposition républicaine : elle n'est pas organisée et dans cette primaire, il y a une réorientation idéologique de droitisation très dure", selon Thierry Mandon. Jean-Christophe Cambadélis va même jusqu'à parler de "radicalisation thatchérienne."

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"Le PS va se ressouder face à lui". Luc Carvounas, très proche de Manuel Valls, voit un dernier avantage au come-back de "Sarko" : mettre un mouchoir sur les revendications des frondeurs et rassembler la "grande famille de la gauche", écologistes compris. "Comment continuer à crier au scandale parce qu'on cherche 50 milliards d'économies, quand votre adversaire désigné, lui, promet d'en faire 150?", affirme-t-il, remonté. "Il joue comme un effet de répulsion et donc le PS va se ressouder face à lui", abonde Yann Galut, fervent partisan de la ligne fixée par l'exécutif.

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"Je les trouve un peu trop optimiste", temporise Olivier Faure, pour qui la victoire "étriquée" de Nicolas Sarkozy va au contraire "éloigner un peu l'idée qu'il y a péril en la demeure. D'autant que notre congrès va alimenter la chronique…" Mais le porte-parole du PS juge également que les frondeurs "seront  moins audibles car désormais, l'alternative n'est plus à la gauche de la gauche, mais à droite et à l'extrême droite."

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Finalement, à gauche, tout le monde y trouve donc son compte. D'autant que le "nouveau" Nicolas Sarkozy ressemble étrangement à l'ancien, celui-là même qui s'est fait bouter dehors par des Français lassés par son hyperactivité, entre autre. Ce que ne manque pas de souligner François Hollande en privé : "je ne comprends pas ce qu’a fait Nicolas Sarkozy pendant deux ans. Il ne donne pas l’impression d’avoir beaucoup appris de ses voyages à l’étranger, non ?"