Le PS est toujours en berne, et pourtant ses sympathisants "sont ceux qui ressemblent le plus à la France moyenne"

© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
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Romain David
Invité de Wendy Bouchard sur Europe 1, le politologue Gilles Finchelstein, directeur de la fondation Jean-Jaurès, décrypte le paradoxe auquel fait face le PS qui, malgré son faible nombre d'électeurs, posséderait de nombreux sympathisants selon une étude récente.
LE TOUR DE LA QUESTION

Plus haute est la tour, plus terrible est la chute. En 2012, jamais le Parti socialiste n'a détenu dans son histoire autant de positions de pouvoir, à la fois nationales et locales. Cinq ans plus tard, le parti se retrouve au bord de la disparition avec l'un des plus mauvais score électoral de toute son histoire. Son déclin reste sans équivalent dans notre histoire politique, de par son ampleur et sa rapidité. Et pourtant, les forces vives du PS ne sont peut-être qu'en sommeil. Si le parti est crédité de seulement 5% d'intentions de vote pour les élections européennes, il disposerait encore d'un important réservoir idéologique au sein de la population, à en croire une étude de la Fondation Jean-Jaurès publiée lundi par les sympathisants PS.

Des chiffres équivalents à ceux des autres partis. "Il y a aujourd'hui près de 10% des Français qui disent que le parti dont ils se sentent le plus proche, c'est le PS. Ça n'est pas beaucoup moins que La République en marche, que Les Républicains ou que le Front national (devenu le Rassemblement national, RN, ndlr) qui sont à 13% et 14%", relève ainsi au micro de Wendy Bouchard, dans Le Tour de la question sur Europe 1, Gilles Finchelstein, le directeur de la Fondation Jean-Jaurès.

>> De 9h à 11h, on fait le tour de la question avec Wendy Bouchard. Retrouvez le replay de l'émission ici

Le sympathisant socialiste similaire au Français moyen. Le sympathisant socialiste type est une femme, selon cette étude, plutôt issue de la classe moyenne supérieure, légèrement au-dessus de la moyenne d'âge des Françaises. "Sociologiquement, les sympathisants socialistes sont ceux qui ressemblent le plus à la France moyenne", analyse le politologue. "Dans tous les autres partis, il y a une déformation très importante. Chez les Républicains, il y a beaucoup de plus de 60 ans. [...] Le FN a plus d'ouvriers. La République en marche, beaucoup plus de catégories aisées, avec des salaires supérieurs à 3.500 euros", énumère-t-il. Ainsi, "les sympathisants socialistes sont ceux qui ressemblent le plus à la classe moyenne supérieure" du pays.

Mais le réservoir de sympathisants dont pourrait disposer le PS est encore plus important si l'on se penche sur l'espace idéologique des personnes interrogées par la fondation Jean-Jaurès, indifféremment de celles qui se disent explicitement proches du parti. Ainsi, lorsque l'on demande aux Français de se positionner politiquement sur une échelle de 0 à 10 (0 pour l'extrême gauche, 10 pour l'extrême droite), 20 à 25 % d'entre eux se placent dans l'espace de la social-démocratie, c'est-à-dire entre le 3 et le 4. "Il y a des motifs d'espérer", souligne Gilles Finchelstein à l'attention des socialistes.

Mais toujours pas d'électeurs... Le PS doit donc faire face à un paradoxe inédit dans son histoire : "pour la première fois, les sympathisants ne sont plus des électeurs. Généralement, c'est toujours l'inverse, vous avez plus d'électeurs que de sympathisants. Là, le PS en a moins", pointe le politologue. Ramener ces sympathisants vers les urnes constitue un défi d'autant plus grand pour l'ex-parti présidentiel, qu'il subit de plein fouet l'une des conséquences de ses revers électoraux, à savoir une baisse drastique de ses fonds. De quoi mettre la machine militante à l'arrêt. Et alors qu'il vient de quitter son siège historique du 10, rue de Solferino à Paris, pour des raisons économiques, il n'est d'ailleurs pas encore officiellement installé dans ses nouveaux locaux d'Ivry-sur-Seine.