Le planning chargé de la première "vraie" semaine du gouvernement

Edouard Philippe Nicolas Hulot
Le ministre Nicolas Hulot (à droite) devra se pencher sur l'épineux dossier de Notre-Dame-des-Landes, sous la férule du Premier ministre, Edouard Philippe (à gauche). © GEOFFROY VAN DER HASSELT / POOL / AFP
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Le gouvernement a été constitué, les ministres ont pris leur fonction. Il est désormais temps de se pencher sur les premiers dossiers du quinquennat.

"Gouvernement nommé. Et maintenant au travail !" Edouard Philippe avait prévenu ses ministres sur Twitter, mercredi dernier, quelques minutes après leur nomination : pas question de chômer. Pour leur première "vraie" semaine à la tête de leurs ministères respectifs, les 22 membres du gouvernement, leur chef et, bien sûr, Emmanuel Macron, ont du pain sur la planche.

Discours de la méthode. Edouard Philippe esquisse les contours de cette semaine dans le JDD dimanche. Premier objectif : imprimer un rythme, une ligne de conduite, qui seront ceux du gouvernement. "Je présenterai lors du prochain conseil des ministre une méthode de travail", explique le Premier ministre. Celle-ci devrait se caractériser notamment par "la collégialité, l'efficacité, la loyauté et l'exemplarité." Autrement dit : le dialogue et la réflexion commune ne doivent pas ralentir l'activité des ministres. "L'urgence est considérable", souligne Edouard Philippe. Ils n'autorisent pas non plus les écarts par rapport à la ligne gouvernementale. "La liberté intellectuelle et la diversité des ministres ne seront un atout que si, une fois passé le temps de la discussion, il y a une parfaite loyauté vis-à-vis des décisions arbitrées."

Entre les lignes, le Premier ministre décrit l'anti-quinquennat de François Hollande, lorsque des membres de l'équipe gouvernementale ne se privaient pas d'exprimer publiquement des divergences.

Réforme du code du Travail. Edouard Philippe mentionne par ailleurs plusieurs dossiers brûlants sur lesquels le gouvernement va se pencher dans les plus brefs délais. Au premier rang desquels la réforme du code du Travail, "majeure" selon lui. Emmanuel Macron recevra les partenaires sociaux mardi à l'Élysée pour des rencontres bilatérales. Edouard Philippe et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, devraient en faire autant de leur côté. L'exercice s'annonce délicat, certains syndicats étant déjà très inquiets. Échaudées par ce qui s'était passé avec la loi El Khomri, écrite sans aucune concertation selon eux, méfiantes vis-à-vis d'un chef de l'État qui a d'ores et déjà prévenu qu'il souhaitait "aller vite" et donc procéder par ordonnances, les organisations représentant les salariés ne comptent pas se laisser faire.

Ainsi, Philippe Martinez, leader de la CGT, s'est montré très ferme lundi sur Europe 1. Et prévenu qu'il opposerait "une fin de non-recevoir" au gouvernement si celui-ci devait, par exemple, plafonner les indemnités prud'homales.


Réforme du Travail pendant les vacances : "La...par Europe1fr

Bayrou accélère sur la moralisation de la vie publique. Autre gros dossier : la loi sur la moralisation de la vie publique, qu'Emmanuel Macron a promis de présenter avant les élections législatives. "Le travail sera engagé dès demain [jeudi dernier]", avait lancé François Bayrou le soir de son arrivée au ministère de la Justice. De fait, le nouveau Garde des Sceaux a déjà pris connaissance des propositions formulées sur le sujet par le député socialiste René Dosière, qui a fait de la transparence en politique son cheval de bataille. Ce dernier suggère notamment d'encadrer plus strictement le financement public des partis, de limiter le cumul des mandats dans le temps ou encore d'interdire les emplois familiaux pour les parlementaires.

Par ailleurs, François Bayrou reçoit lundi les associations Anticor et Transparency International, très actives en matière de lutte contre la corruption. "Je veux aller très vite pour que tous les citoyens voient quel va être le cadre de l'action publique, mise à l'abri des conflits d'intérêts", a-t-il déclaré vendredi.

Bercy se penche sur le prélèvement à la source. Pas de temps à perdre non plus du côté du ministère de l'Économie et des Finances. "J'ai demandé au ministre en charge du Budget, Gérald Darmanin, d'examiner les conditions de la mise en œuvre [du prélèvement de l'impôt à la source]", confirme Edouard Philippe dans le JDD. Préparée sous le quinquennat Hollande, cette réforme sera très probablement repoussée, et pourrait même ne jamais voir le jour. Il faut dire que Gérald Darmanin y est opposé. "Je serai le ministre de la suspension de l'impôt à la source", annonce-t-il dans La Voix du Nord.

Et ce n'est pas le seul dossier qui attend le ministre de 34 ans. Il lui faudra aussi se pencher sur l'audit des finances publiques promis par Emmanuel Macron dès son arrivée au pouvoir. "Il sera [lancé] dans les prochains jours", promet Edouard Philippe dans le JDD.

Le retour de Notre-Dame-des-Landes. La question de Notre-Dame-des-Landes s'invitera très vite sur la table du ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. Il lui faudra organiser la médiation prévue dans le programme d'Emmanuel Macron. "Nicolas Hulot et moi souhaitons vraiment que toutes les options soient sur la table", explique Edouard Philippe. "Il est urgent de baisser le niveau de tension sur ce dossier." La médiation devant durer six mois, il est indispensable de la commencer au plus vite.

Préparation de la rentrée scolaire. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Éducation nationale, n'a que trois mois pour préparer la prochaine rentrée des classes. Interrogé sur BFM TV lundi matin, il a précisé que lui et son équipe étaient déjà à pied d'oeuvre pour mettre en place, notamment, la division par deux du nombre d'élèves au CP dans les établissements en zones prioritaires. Au total, 2.200 classes de REP [réseau d'éducation prioritaire] seront concernées.

L'Union européenne au cœur des préoccupations. L'Union européenne a été l'un des sujets majeurs de la campagne d'Emmanuel Macron, il est logique qu'elle soit de nouveau au centre des attentions après son élection. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, s'est rendu à Berlin lundi pour rencontrer son homologue allemand, Wolfgang Schäuble. Ensemble, ils ont décidé de donner une nouvelle impulsion à la zone euro pour "aller plus vite plus loin" en termes d'intégration. Un groupe de travail a été créé pour faire des propositions concrètes sur le sujet.