Le Pen veut "faire renaître la lumière"

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DANS LE TEXTE - La patronne du FN a attaqué avec force les autres partis politiques.

Les enfants ont le jour de Noël. Marine Le Pen a, elle, son 1er mai. Comme le veut la tradition, un cortège du Front national a défilé dans les rues de Paris et la présidente du Front national a pris la parole, longuement, devant la statue de Jeanne d’Arc. Et pour la première fois, comme pour assoir encore un peu plus son autorité sur le parti, la fille n’a pas passé le micro au père. Les temps changent au FN, mais la cuisine reste la même. Les ingrédients sont connus, mais Europe1.fr vous rappelle la recette d’un discours frontiste réussi.

Une cuillère de catastrophisme. C’est son credo, et l’actualité la sert. "Grâce" à une situation économique dégradée - "une descente aux enfers", selon elle -, Marine Le Pen a pu à loisir entonner son refrain du "si on ne fait rien, on va dans le mur". "La France est dans la nuit, la nuit des affaires, du mensonge aux Français. Elle s’enfonce dans une politique absurde d’austérité sans fin car il s’agit de sauver un système à tout prix", a-t-elle lancé à un auditoire conquis. Presque lyrique, puisant à foison dans le champ lexical de la couleur - nuit, enfer, lumière, obscur, pénombre -, la chef de file des nationalistes français l’assure : "dans ces temps obscurs, il est temps de faire  renaître la lumière et ce travail d’espérance, ce combat lumineux, c’est vous qui le menez."

Un soupçon de "Hollande bashing". Après avoir vilipendé avec force l’action de Nicolas Sarkozy depuis son entrée en politique depuis plus de 30 ans - "il a tout accepté, tout cautionné, tout assumé" -, c’est au tour de François Hollande, et plus globalement la gauche au pouvoir, d’être dans le viseur de Marine Le Pen. Et le propos n’est pas plus flatteur. "Parlons de cette pseudo-gauche, qui se voulait l’antithèse du sarkozysme, qui rêvait du grand soir et se réveille dans la suite nuptiale d’un mariage homosexuel. Cette gauche qui allait restaurer le pouvoir d’achat, qui allait, avec Montebourg, faire porter des marinières au monde entier pour lutter contre les délocalisations. Hélas, presque un an de gauche au pouvoir et jamais les banquiers n’ont été aussi riches", tonne-t-elle, avant de conclure : "c’est l’austérité sarkozyste sous une forme différente."

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Une bonne louche de défense de la patrie. Là encore, le discours est attendu. Alors que "l’impérialisme bruxellois" ne desserre pas son emprise, Marine Le Pen a eu beau jeu de rejeter la faute sur "la mondialisation", et donc de vanter un concept cher à son père mais remis au goût du jour d’un FN dédiabolisé : la "priorité nationale", grande sœur plus proprette de la "préférence nationale". "Quand il est si difficile de se loger, la priorité nationale s’impose. La France est généreuse, mais sa générosité doit profiter d’abord à ses citoyens". Applaudissements nourris. "Nous sommes les seuls vrais défenseurs de la souveraineté du peuple, qui doit s’imposer à tous, y compris si cela déplait aux élites. Nous voulons une république dans laquelle la parole du peuple n’est pas bafouée", affirme-t-elle, rappelant l’adoption du Traité de Lisbonne alors que les Français y avaient dit non par voie référendaire.

Une (grosse) pincée de méthode Coué. Après avoir fustigé - vieille antienne frontiste - les modes de scrutin - "nous voulons la proportionnelle intégrale !" -, Marine Le Pen a cherché à galvaniser ses troupes, elle qui compte plus que jamais sur les municipales de 2014 pour frapper un grand coup. "Si nous n'avons pas encore le pouvoir, nous avançons, et la France et les Français avec nous !... ", entame-t-elle. "Croire en un projet national, c’est un beau dessein. Les Français ne s’y trompent pas : cela ne sera pas possible s’il ne se donne pas un chef qui ose". Une belle perche que la foule empoigne à deux mains : "Marine présidente !" "Quand nous serons au pouvoir, et cela arrivera très vite, nous rétablirons l’autorité de l’Etat", promet-elle enfin, avant de conclure, presque émue : "vous avez compris ma conception du pouvoir. Le peuple de France mérite mieux que les dirigeants qu’il a choisis.