Le laborieux début de campagne de Sarkozy

Nicolas Sarkozy au Parc des Princes, le 21 septembre.
Nicolas Sarkozy au Parc des Princes, le 21 septembre. © REUTERS
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Louis Hausalter , modifié à
DECRYPTAGE - Les Français sont loin d'être convaincus par le retour de l'ancien président dans l'arène politique.

"Nicolas, Nicolas !" A Saint-Julien-les-Villas, jeudi, comme à Lambersart, la semaine dernière, les partisans de Nicolas Sarkozy venus assister à ses meetings scandaient sans relâche son prénom. Mais dès que l'on sort des gymnases où l'ancien président tient ses réunions publiques, la ferveur retombe brusquement. Car, sur fond de rivalité exacerbée avec ses rivaux, le "retour" de Nicolas Sarkozy est loin de susciter un enthousiasme délirant. C'est plutôt l'indifférence, voire l'hostilité qui prévalent.

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Il suffit de lire la presse de vendredi pour constater les doutes des observateurs, deux semaines après l'officialisation de sa candidature à la tête de l'UMP. Sans surprise, Libération épingle son début de campagne : "Ça patine", raille le quotidien de gauche en première page. Mais dans la presse régionale aussi, les éditorialistes n'y vont pas de main morte. "C'est cruel, mais Nicolas Sarkozy a raté son retour", écrit David Guévart dans Le Courrier Picard.  C'est la "Berezina pour le Napoléon de la politique hexagonale", assène Philippe Marcacci dans l'Est Républicain. "Ce n'est pas le retour dont il rêvait", concède Bruno Dive dans Sud Ouest.

Les Français pas convaincus

Sarkozy

L'opinion publique, elle aussi, accueille mal l'ancien président. Selon un sondage YouGov pour le Huffington Post et i-Télé publié jeudi, 56% des Français ne sont pas favorables au retour de Nicolas Sarkozy. Le même sondage montre un recul de sa cote, à 22% d'opinions positives, contre 26% début septembre. Et même si, dans le baromètre TNS Sofres pour Le Figaro Magazine, Sarkozy progresse à l'inverse de trois points, l'institut reconnaît que "l'annonce de sa candidature a pour l'heure un effet limité sur l'opinion".

Ce qui plombe le début de campagne de Nicolas Sarkozy, c'est d'abord l'affaire Bygmalion, revenue sur le devant de la scène cette semaine. Jeudi, trois anciens cadres de l'UMP ont été placés en garde à vue. La veille, trois anciens dirigeants de la société Bygmalion étaient mis en examen. Ils sont soupçonnés d'avoir émis de fausses factures pour couvrir un dépassement des frais de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012.

Fillon, Juppé et Le Maire tiennent bon

Par ailleurs, si l'ancien président comptait balayer ses rivaux d'un revers de la main, c'est raté. Force est de constater que les autres prétendants en vue de la présidentielle de 2017, Alain Juppé et François Fillon, le marquent au millimètre. Invité jeudi soir sur France 2, le maire de Bordeaux a multiplié les piques à l'encontre de Sarkozy, moquant implicitement sa "fébrilité" ou lui retournant ses remarques sur son âge : "j'ai connu Nicolas Sarkozy quand j'avais 30 ans, et j'aurais besoin de lui demain", a-t-il ironisé.

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De son côté, François Fillon, qui met en avant un projet de réformes radicales, a prévenu qu'il n'hésiterait pas à se présenter à l'élection présidentielle si Nicolas Sarkozy venait à refuser une primaire. L'ancien Premier ministre peut aussi se targuer d'être soutenu au Sénat, renouvelé dimanche dernier. Mercredi, le filloniste Gérard Larcher a été élu président de la haute chambre, préféré à Jean-Pierre Raffarin, qui avait affiché son soutien à Sarkozy. Le lendemain, c'est à nouveau un fidèle de Fillon, Bruno Retailleau, qui était élu à la tête du groupe UMP au Sénat, battant le très sarkozyste Roger Karoutchi. Deux gifles coup sur coup pour Nicolas Sarkozy.

Quant à Bruno Le Maire, rival de Nicolas Sarkozy pour la présidence de l'UMP, il réfute la volonté de ce dernier de rassembler "bien au-delà des clivages". "Je veux être un président 100% à droite et 100% disponible", avait-il martelé le 22 septembre sur TF1.

Difficulté à se positionner

Dans Les Echos, l'éditorialiste Cécile Cornudet résume la difficulté de l'ancien président à se positionner : "Alain Juppé occupe le créneau du rassemblement, François Fillon de la réforme, Bruno Le Maire du renouveau. Nicolas Sarkozy peine à trouver sa place". Enième épine dans le pied de Sarkozy, Jacques Chirac, resté populaire auprès des Français, a pris fait et cause pour Alain Juppé cette semaine.

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Face à ce scénario plus compliqué que prévu, Nicolas Sarkozy pourra toujours se consoler avec quelques bonnes nouvelles : le ralliement massif de ténors de l'UMP à sa cause, la curiosité qu'il suscite toujours chez les téléspectateurs, ou encore son nombre de "likes" sur Facebook !

Surtout, un chiffre du sondage YouGov publié jeudi devrait le conforter : 84% des sympathisants UMP sont favorables à son retour dans l'arène politique. Pour l'instant, c'est ce qui compte, puisque c'est d'abord son élection à la présidence de l'UMP que brigue Nicolas Sarkozy. Pour la suite, il faudra séduire au-delà de son cercle de partisans.

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