Le juge Van Ruymbeke se dit "victime d'un lynchage"

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Administrator User , modifié à
Le juge Renaud Van Ruymbeke estime être victime d'une décision politique dans le cadre de l'affaire Clearstream. Le ministère de la Justice a saisi le Conseil supérieur de la magistrature. Il risque des sanctions disciplinaires et devra justifier ses méthodes dans cette affaire. De son côté, Nicolas Sarkozy estime que Renaud Van Ruymbeke a "tort" de le mettre en cause.

Le juge Renaud van Ruymbeke s'est exprimé ce samedi sur l'antenne d'Europe 1. Il était l'invité de Dominique Souchier. Soupçonné de méthodes jugées irrégulières en marge de l'affaire dans l'affaire Clearstream, il a été renvoyé devant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). Sur notre antenne, il a dit avoir toujours choisi la discrétion et s'est dit "victime d'un lynchage". Hier, Renaud Van Ruymbeke avait mis en cause Nicolas Sarkozy après l'annonce de son renvoi devant le CSM. Dans un communiqué, le magistrat s'est dit victime d'une décision politique due, selon lui, à ses démêlés avec le ministre de l'Intérieur et candidat de l'UMP à l'élection présidentielle dans ce dossier. "Cette affaire Clearstream, ça a été monté de toutes pièces, c'est une affaire qui est destinée à cacher l'affaire des frégates de Taïwan, il y a 500 millions de dollars qui sont partis, il y a des morts dans ce dossier", a-t-il dénoncé. Nicolas Sarkozy a estimé que le juge financier a "tort" de le mettre en cause. "Ses propres pairs l'ont jugé, qu'il relise le rapport, il comprendra. Il est suffisamment sévère pour que je n'aie aucun commentaire à faire", a déclaré le ministre de l'Intérieur. Les rapports difficiles entre le candidat UMP à la présidentielle et Renaud Van Ruymbeke ne sont pas nouveaux. En octobre dernier sur TF1, Nicolas Sarkozy avait expliqué avoir été faussement accusé dans l'affaire Clearstream "sur la base du mensonge d'un corbeau allié à un juge", avec dans le rôle du corbeau, Jean-Louis Gergorin, et dans celui du juge, Renaud van Ruymbeke. Le renvoi du juge devant le CSM fait suite à un rapport de l'Inspection générale des services judiciaires (IGSJ) remis cette semaine au Garde des sceaux et qui retient contre le magistrat des faits "susceptibles de constituer un manquement aux devoirs de son état de magistrat et de son devoir de loyauté". L'IGSJ a retenu trois fautes : des auditions en dehors de la procédure, la non-révélation à d'autres magistrats d'informations intéressant des procédures pénales en cours et la communication à un tiers d'éléments secrets tirés du dossier d'instruction. Renaud Van Ruymbeke avait rencontré en secret en avril 2004 Jean-Louis Gergorin, le corbeau présumé des faux listings de l'affaire Clearstream, en dehors de toute procédure. Toutefois, les services judiciaires concèdent que le contexte des affaires Clearstream et des frégates de Taïwan était "exceptionnel". Le juge Van Ruymbeke encourt une sanction pouvant aller du blâme à la révocation. Pascal Clément, le Garde des Sceaux , avait commandé ce rapport interne en mai 2006. Il avait aussi ordonné l'ouverture d'une information judiciaire sur les fuites dans la presse.