Le DG de Total en examen pour corruption

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Administrator User , modifié à
Christophe de Margerie, directeur général de Total, a été mis en examen jeudi soir pour "corruption d'agents publics étrangers et abus de biens sociaux" dans une enquête sur des malversations présumées en marge d'un contrat gazier avec l'Iran. Il a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Christophe de Margerie reste en fonctions au sein du groupe Total.

A l'issue d'une journée et d'une nuit de garde à vue à la Brigade de répression de la délinquance économique et de trois heures d'audition chez le juge financier Philippe Courroye, Christophe de Margerie a été mis en examen jeudi soir, pour "corruption d'agents publics étrangers et abus de biens sociaux" dans une enquête sur des malversations présumées en marge d'un contrat gazier avec l'Iran. Le patron de la première société française et du quatrième groupe pétrolier mondial a été laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Il a interdiction de rencontrer les autres acteurs du dossier mais il conserve son passeport. Et Christophe de Margerie peut donc rester en fonctions. De toute façon, pour le groupe Total, il n'était pas question qu'il démissionne. "Le groupe est confiant dans le fait que la justice établira l'absence d'infraction et réaffirme qu'il exerce ses activités dans le respect des lois", a déclaré Total. Assisté de son avocat, Me Emmanuel Rosenfeld, Christophe de Margerie a nié toute malversation lors de son audition.Dans la nuit de mercredi à jeudi, deux cadres de la société, le directeur financier Robert Castaigne et le directeur général du secteur gaz-électricité Philippe Boisseau, ainsi que deux ex-cadres de Total avaient été libérés après une journée d'interrogatoire. Ils avaient été placés en garde à vue mercredi matin en compagnie de Christophe de Margerie. Aucune charge n'a été retenue contre eux. L'enquête porte sur des versements présumés de fonds occultes à des responsables officiels iraniens en marge d'un contrat d'exploitation de gaz sur le site de South Pars signé en 1997. L'information judiciaire contre "X" pour "abus de biens sociaux et corruption d'agents publics étrangers" a été ouverte après une dénonciation de la justice suisse. Le gisement gazier offshore de South Pars, situé à 100 km des côtes iraniennes, a été inauguré en 2003 en exécution d'un contrat signé en 1997. Sa gestion est partagée entre Total, le malaisien Petronas et le russe Gazprom. Christophe de Margerie, 55 ans, est entré dans le groupe en 1974 et a succédé à la mi-février à Thierry Desmarest à la tête du géant pétrolier. A l'époque des faits, il était directeur de la société pour le Moyen-Orient. La procédure visant l'Iran fait suite à la découverte de très importantes sommes d'argent, 38 millions de dollars (28 millions d'euros) versés par une entité liée à Total sur des comptes bancaires suisses entre 1997 et 2003. Ces sommes sont censées avoir rémunéré des prestations de conseil, mais aucune justification de ces prestations n'a pu être fournie par Total, dit-on de source judiciaire. Un des cadres de la société interrogé par la police a indiqué que l'argent, qui a finalement abouti sur des comptes à Doubaï, a été crédité au bénéfice du secrétaire du fils d'Ali Akbar Hachemi Rafsandjani. Christophe de Margerie a déclaré qu'il l'ignorait. Les paiements se sont échelonnés jusqu'en 2003, trois ans après la signature par la France d'une convention internationale contre la corruption, qui s'applique donc aux faits. La justice suisse, qui a saisi les derniers versements a ouvert sa propre enquête et transmis des documents à la France, dont un relatif à une procédure judiciaire norvégienne. Ce document fait aussi apparaître comme possible acteur de la corruption le nom du fils d'Ali Rafsandjani. Christophe de Margerie a déjà été mis en examen l'an dernier dans une affaire similaire concernant l'Irak de Saddam Hussein, pour "complicité de corruption et complicité d'abus de biens sociaux". Ce dossier porte sur la corruption présumée d'officiels irakiens en marge du programme de l'Onu "Pétrole contre nourriture". Estelle Cognacq avec Reuters