Le Bloc identitaire veut chasser sur les terres du FN

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Hélène Favier , modifié à
Entre le FN et le MPF, le nouveau parti d’extrême droite peut-il trouver une place dans le paysage politique français ?

"On ne participe pas à une liste pour faire de la figuration". Le ton se veut offensif au lendemain de la "convention" du Bloc identitaire,samedi, dans le Vaucluse, où le mouvement d'extrême droite a annoncé qu'il se muait en parti, en vue des régionales. "Nous représentons une force politique qui existe", assure à Europe1.fr, Philippe Vardon, membre du bureau exécutif du Bloc identitaire (BI). Le nouveau parti présentera donc une liste en Alsace et une autre, baptisée "Ligue du midi", dans le Languedoc-Roussillon.

Le Bloc envisage également de rejoindre la liste baptisée "Ligue du Sud" et conduite par le maire d'Orange, Jacques Bompard (MPF), en PACA. Et ce, à une seule condition : que la liste de Jacques Bompard ne soit pas étiquetée MPF. "Cela ne nous intéresse pas de nous unir à un mouvement rallié à Nicolas Sarkozy", prévient Philippe Vardon.

C’est que le nouveau parti se veut une alternative dans les urnes pour les déçus du sarkozysme. "Beaucoup de gens se sentent trahis par la politique du président. Il existe aujourd’hui un large espace politique pour nous", espère le militant du BI.

- "Avec le FN, on se croise dans l’escalier" -

Mais ils sont déjà nombreux à la droite de la droite à vouloir séduire les déçus du sarkozysme. Le Bloc devra en effet composer avec d’autres partis plus installés : "Son espace politique est restreint entre le FN et De Villiers", analyse le politologue Jean-Yves Camus, interrogé par Europe1.fr. Mais “le BI a une carte à jouer avec le départ de Jean-Marie Le Pen. Personne ne sait aujourd’hui à quoi ressemblera le Front après son départ", précise l’auteur de Extrémismes en France, faut-il en avoir peur ?.

La démarche du Bloc est en effet une démarche de long terme. Avec les régionales, les membres du BI veulent avant tout se faire connaître, montrer qu’ils existent. L’étape suivante sera pour eux les cantonales. Ils comptent alors présenter "50 à 100 candidats", assure Philippe Vardon.

Après ? Après, "on peut même imaginer un rapprochement entre le FN et le BI, quand Jean-Marie Le Pen aura passé la main", explique Jean-Yves Camus. Le Bloc est constitué de jeunes militants qui veulent un avenir en politique. Et précisément des jeunes militants, "au Front National, il n’y en a plus", décrypte le politologue avant d’ajouter : "Marine Le Pen, si elle reprend la main, ne pourra pas continuer avec uniquement les membres actuels, il lui faudra trouver des alliés", pour enrayer le déclin de son parti.

"Avec le FN, on se croise dans l’escalier", admet d’ailleurs Philippe Vardon. Et le militant d’expliquer que quand le Front baisse, les scores du BI augmente presque d’autant, comme ce fût le cas selon lui aux élections du 6e canton de Nice, en septembre, où le Bloc a obtenu 7,7% des voix.

Et s'ils se "croisent dans l'escalier", c'est que le Bloc et le FN chassent sur les mêmes terres. A l'exception du souverainisme dont les membres du BI ne sont pas adeptes, le Bloc reprend les mêmes poncifs que le Front. Ainsi Philippe Vardon dénonce "la présence de l’Islam sur le sol européen qui [selon lui], a entraîné des mutations fondamentales de l’identité". Le militant prône également en faveur de "l’immigration zéro. Nous plaidons même pour une re-migration ", scande-t-il. Pas de doute à avoir donc : le Bloc identitaire un bien un parti d’extrême droite.

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