Le bal des passations

La passation entre Alain Juppé et Laurent Fabius au Quai d'Orsay a sans doute été l'une des plus emblématiques de la journée.
La passation entre Alain Juppé et Laurent Fabius au Quai d'Orsay a sans doute été l'une des plus emblématiques de la journée. © REUTERS
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VIDEO - Les ministères ont changé de main lors de cérémonies aussi nombreuses que variées.

La matinée a été chargée dans les ministères. Les anciens devaient laisser la place aux 34 petits nouveaux, et ce avant 15 heures, quand se réunira le premier conseil des ministres du quinquennat de François Hollande. La valse des passations a commencé vers 9 heures au ministère de l’Education, et s’est poursuivie à un rythme effréné jusqu’en début d’après-midi. A Bercy, la matinée a tourné au marathon, avec pas moins de quatre passations. Retour en vidéo sur les faits marquants d’une longue matinée de passations.

L’#homme pressé

Vincent Peillon semble bien impatient. C’est lui qui, avant même d’avoir été investi, a annoncé la première grande mesure de son ministère de l’Education et de l’action gouvernementale, à savoir le retour à la semaine de cinq jours dans l’école primaire. C’est aussi lui qui a ouvert le bal des passations peu après neuf heures au 110, rue de Grenelle. "C'est évident (...) que pour moi l'émotion est grande ce matin", a-t-il dit en présence de George Pau-Langevin, nommée ministre déléguée à la Réussite éducative. Le nouveau ministre a annoncé "non pas une énième réforme (...) mais la refondation de l'école de la République".

Les #jeunes loups

 La première passation de pouvoir à Bercy a eu lieu entre deux personnalités proches, celles d’Arnaud Montebourg et de François Baroin. Les deux hommes, presque quinquagénaries mais au physique de jeunes premiers, sont travailleurs et surtout débordent d’ambition. Le sortant, contraint désormais à la patience, a adressé ses "chaleureuses félicitations" et souhaité "du fond du coeur (...) bonne chance" à son successeur, auquel il a donné du "cher Arnaud". Ce dernier a de son côté souhaité à son prédécesseur "bon vent pour la suite". Flanqué de ses ministres déléguées, Sylvia Pinel (Artisanat, Commerce et Tourisme) et Fleur Pellerin (PME, innovation, économie numérique), il a aussi explicité sa vision du ministère du Redressement productif. "C’est le ministère de la reconquête, c'est-à-dire de la création de l'emploi et du sauvetage, le plus possible, des emplois qui risquent d'être perdus", a-t-il expliqué.

La #plus fournie

Pas moins de quatre ministres ou ex-ministres sur la scène. A Bercy, encore, lors de l’entrée en fonction de Pierre Moscovici, nouveau ministre de l’Economie en lieu et place de François Baroin, les deux hommes avaient pris place sur l’estrade. Ils étaient accompagnés de Benoît Hamon, ministre délégué de l'économie sociale et solidaire, et de Frédéric Lefebvre, secrétaire d'État chargé du Commerce, de l'Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions libérales et de la Consommation.

Les #vieux briscards

Pour ces deux-là, l’exercice de la passation de pouvoir était loin d’être inconnu. Laurent Fabius et Alain Juppé, de nombreuses fois ministres, ont chacun vécu l’exercice à plusieurs reprises. Cette fois, ils étaient côte à côte. Et malgré son expérience, Alain Juppé a peiné à cacher son émotion. De son côté, le nouveau ministre des Affaires étrangères, qui a cité Jaurès pour rendre hommage à son prédécesseur a eu lui du mal à cacher sa jubilation.

La #passation bisounours

 A droite comme à gauche, la volonté de donner l’image d’une démocratie apaisée lors de cette transition démocratique était claire. Au ministère de la Culture, Frédéric Mitterrand et Aurélie Filippetti ont poussé cette volonté à l’extrême. Le sortant a d’abord prononcé un discours en forme de dithyrambe pour sa remplaçante. "Je pense à son père, qui était un militant des cités minières de la Lorraine", a ainsi lancé le neveu de François Mitterrand. Visiblement émue par cet hommage, usant du tutoiement, la nouvelle ministre de la Culture a ensuite conclu son allocution en offrant un cadeau à son prédécesseur, un livre de l’auteur italien Erri Di Luca.

La plus #sobre

 La passation de pouvoir au ministère de l’Intérieur était l’une des plus attendues de l’année. Manuel Valls et Claude Guéant, qui se sont longuement entretenus avant de s’exprimer, avaient décidé de donner dans la solennité. Claude Guéant a ainsi salué "les compétences et le dévouement" de tous les fonctionnaires de la Place Beauvau. Manuel Valls est lui notamment revenu sur son parcours personnel "Pour celui qui n'est pas né en France, qui est devenu français, devenir ministre de l'Intérieur, cela montre bien que la France est un pays un peu à part", a-t-il lancé. Puis Claude Guéant a quitté le bâtiment, seulement accompagné d'un silence impressionnant.

La plus #protectrice

En transférant le porte-parolat du gouvernement, poste hautement exposé, à Najat Vallaud-Belkacem, Valérie Pécresse s’est fendue de nombreux conseils à l’endroit de la benjamine du gouvernement, âgée de 34 ans. "De l'audace et de la prudence, des relations constantes avec l'ensemble des ministres", a-t-elle énuméré. "Et traitez bien les journalistes, ils le méritent", a-t-elle également glissé dans un sourire. Puis, après avoir admis qu’elle ne se priverait pas de critiquer "tout ce que dira la porte-parole du gouvernement, elle a conclu : "Rien que pour aujourd'hui, je vous souhaite du succès.

La #passation somnifère

 Visiblement soucieux de donner une fiche signalétique exhaustive du ministère de la Justice à Christine Taubira, Michel Mercier a prononcé un long discours. Au fil de cette intervention monotone, la nouvelle ministre de la Justice commençait à fermer les yeux. Pas franchement plus passionnante, Christiane Taubira s'est ensuite dit "extrêmement heureuse, honorée et ravie" par sa nomination, avant de rappeler la priorité de François Hollande, "faire une justice plus proche et indépendante".

Le #grand absent

Voilà une absence qui n’est pas passée inaperçue. Eric Besson, ex-ministre de l’Industrie, et surtout transfuge du Parti socialiste en 2007, n’a pas participé à la passation de pouvoir à Bercy. Selon son entourage, celui qui envisage désormais une carrière dans le football est "parti en vacances". Les observateurs qui attendaient son échange, forcément glacial, avec son successeur Arnaud Montebourg ont donc été déçus. Pierre Lellouche, le ministre du commerce extérieur sortant, n’a pas non plus fait le déplacement.