Le 1er mai "new look" du FN, à couteaux tirés

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M.B. et David Doukhan
EXTRÊME DROITE - Évincé du parti frontiste, Jean-Marie Le Pen est bien décidé à faire entendre sa petite musique en organisant un contre-rassemblement, place des Pyramides.

Faut-il s'attendre à un nouveau round du combat qui oppose depuis maintenant plus d'un an Jean-Marie et Marine ? Le 1er mai s'annonce tendu pour le clan Le Pen. En effet, le Front national a pris la décision de renoncer au traditionnel défilé, organisé vers la place des Pyramides et la statue équestre de Jeanne d'Arc, dans le 1er arrondissement de Paris, depuis 1988. Marine Le Pen lui a finalement préféré un banquet patriote, qui se tiendra à La Villette, dans le nord de la capitale.

Mais ce changement n'est absolument pas du goût de son père, bien décidé à organiser un contre-rassemblement. "J'invite tous les gens qui se considèrent sans peur et sans reproche à se retrouver place des Pyramides le 1er mai", avait-il annoncé dès le mois de février sur Europe1.

De la provocation et du spectacle. Le père et la fille préparent donc tous les deux cette journée avec minutie mais leurs objectifs sont bien distincts. Marine Le Pen veut une démonstration de force pour lancer sa campagne présidentielle. Jean-Marie Le Pen, lui, a pour priorité de pourrir la vie de sa fille. Avec une méthode toute personnelle : de la provocation et du spectacle. "Si j'ai 200 personnes, on dira que Jean-Marie Le Pen a gardé quelques copains", raconte en riant le fondateur du Front national, aujourd'hui âgé de 87 ans. "Si j'en ai 1.000 ou 2.000, ce sera un fait politique majeur."

Le banquet affiche complet. Exagération ou non, Marine Le Pen est inquiète. Le discours de son père visera à démontrer que sa fille ne peut pas gagner sans se réconcilier avec lui. L'image d'un "Menhir" acclamé par une foule ne peut que la desservir. On ne parlerait alors que de ce boulet dont la présidente du Front national n'arrive pas à se débarrasser. Les équipes de Marine Le Pen se rassurent en annonçant que son banquet patriote affiche complet. Plus de 2.000 inscriptions à 15 euros pièce ont été enregistrées. Les 13 présidents des groupes FN de chaque région parleront trois ou quatre minutes chacun avant le discours de la présidente. Une façon de bien montrer que le FN compte des élus partout grâce à la stratégie de dédiabolisation.

Ne pas ajouter de la crise à la crise. Autre raison de se réjouir : même les caciques du parti proches de Jean-Marie Le Pen ne devraient pas se rendre place des Pyramides. Bruno Gollnisch hésite, malgré l'amitié qu'il porte au Menhir. Quant à Marion Maréchal-Le Pen, qui fait régulièrement applaudir son grand-père dans ses meetings, elle restera à la Villette pour ne pas ajouter de la crise à la crise.

Jouer le contraste. Marine Le Pen se serait bien passé d'un nouvel épisode du psychodrame familial. A défaut, elle va essayer d'en tirer profit, de jouer le contraste. À la Villette, la présidente compte montrer un parti responsable avec des élus et un programme, tandis que l'ancien monde, avec ses provocations et ses dérapages, est attendu place des Pyramides. Reste que Marine Le Pen n'aura pas l'occasion de dérouler tranquillement son discours entre une gauche à l'agonie et une droite en pleine primaire. Au lieu de cela, elle sera malgré elle actrice du spectacle interminable d'un père et d'une fille qui se déchirent sur la place publique.