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Camille Girerd avec Julien Diaz
JOURNÉE DÉLICATE - Face à la colère des agriculteurs, le président de la République a voulu montrer qu'il est à l’écoute et qu'il comprend les difficultés du monde agricole. 
REPORTAGE

Le Salon de l'agriculture s'est ouvert samedi matin. Jusqu'au 6 mars prochain, quelques 700 000 visiteurs sont attendus au Parc des Expositions de Versailles à Paris. Un événement sur fond de crise profonde : les cours s'effondrent, et le monde paysan est en colère. Une colère dont François Hollande a personnellement fait les frais. Sifflets ont accompagné sa visite dans les allées du salon. Récit.

"Je suis éleveur, je me meurs". François Hollande s'attendait à de la colère, mais pas à ce point. Dés son arrivée un peu avant 7h, un comité d’accueil l'attendait, banderoles et drapeaux de la FNSEA sortis. Les discussions se sont enchaînées, tous les agriculteurs présents on fait part de leur détresse. "Il faut que la France vive de son agriculture. Il faut qu'on arrête d'acheter de la viande qui viennent de l'extérieur", lui on-t-ils notamment dit. Mais plus le président s'avançait dans les allées, plus la colère s'est exprimée avec force jusqu'à une cinquantaine d'éleveurs vêtus de T-shirt noirs, "Je suis éleveur, je me meurs", et qui ont copieusement hué François Hollande. "Hollande démission !", pouvait-on entendre parmi les sifflets. Des éleveurs qui n'ont pas hésité à tourner le dos au président : "On l'ignore comme il nous ignore", a expliqué l'un d'entre eux, au micro d'Europe 1.

"Si je suis venu dans ce salon, c'est pour entendre". Face à cette colère, le chef de l'état a voulu montrer qu'il était à l’écoute et qu'il comprenait les difficultés du monde agricole. "Si je suis venu dans ce salon, c'est pour entendre. Y compris les cris. Des cris de douleurs, des cris de souffrance, qui peuvent aller au-delà même", s'est expliqué François Hollande. Il a indiqué qu'il va falloir dans les prochains jours "prendre des décisions sur la régulation des marchés" au niveau européen. "C'est à dire qu'il faut retirer certaines productions, notamment des pays qui ont fait en sorte de produire, produire, produire... jusqu'à déséquilibrer le marché". Et d'ajouter : "moi je me bas, mais je demande aussi que l'Europe comprenne la solidarité".

Des mots qui n'ont pas suffi à apaiser la situation. Quelques minutes plus tard, c'est le stand du ministère de l'Agriculture qui a été saccagé dans une cohue générale. Au total, François Hollande n'aura passé que six heures sur le salon, sa plus courte visite depuis son arrivée à L'Elysée et la plus mouvementée.