La sécurité, pomme de discorde à droite

© MAXPPP - MONTAGE
  • Copié
Hélène Favier , modifié à
Tandis que Fillon ne souffle mot, Villepin et Raffarin prennent leurs distances avec l’offensive sécuritaire.

Villepin a "honte" - Habitué à formuler des critiques envers la politique gouvernementale, Dominique de Villepin a certainement été le plus virulent pour dénoncer l’attitude de sa famille politique. L’ex-Premier a qualifié mardi la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy d'"indigne, inefficace et dangereuse", estimant qu'elle rendait beaucoup de des ministres "malheureux et mal à l'aise". "Cette politique, elle a pour but d'activer le clivage entre la droite et la gauche et là, je m'insurge parce que la droite française ce n'est pas ça." Pour Dominique de Villepin, d'autres grandes figures de l'UMP partage son avis. Au premier rang : Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et jusqu'à Jacques Chirac, se trouvent dans la même position.

Raffarin s’inquiète - Au sein même des responsables du parti présidentiel le ton monte. Mardi matin, sur RMC, Jean-Pierre Raffarin fustigeait l'existence d'une "dérive droitière" au sein du parti présidentiel, dont il est vice-président, illustrée par "une surenchère d'amendements" et des propositions "absurdes" émanant de ses rangs en matière de lutte contre l'insécurité. "J'attends du Premier ministre, chef de la majorité, qu'il prenne la parole pour expliquer les valeurs d'équilibre d'une majorité qui doit avancer avec son cerveau droit mais aussi son cerveau gauche", a ajouté Jean-Pierre Raffarin.

Boutin parle "une fêlure" - Figure de l'électorat catholique de droite, Christine Boutin fait, pour sa part, état d'une "fêlure" entre sa formation, le Parti chrétien-démocrate (PCD), et l'UMP, qu'un "certain nombre d'adhérents" souhaiteraient quitter, selon elle.

Pour Pinte, c’est "insupportable" - Même credo chez le député UMP Etienne Pinte, l'un des porte-voix de cet électorat au sein de la majorité. "À l'heure actuelle, il est évident qu'il y a une dégradation des relations entre les chrétiens et le gouvernement, peut-être le président de la République", a-t-il estimé avant d’insister : "Pour tout chrétien, il y a des limites au-delà desquelles cette espèce de chasse à l'homme que nous vivons est insupportable ».

Fillon s’enferme dans son silence - L'étonnant silence de François Fillon sur la sécurité, redevenue durant l'été le cheval de bataille de Nicolas Sarkozy, relance les spéculations sur son départ lors du remaniement prévu par l'Elysée. Depuis le discours musclé du chef de l'Etat à Grenoble le 30 juillet, les membres de la majorité n'ont cessé de commenter - pour le soutenir ou le critiquer - le virage à droite du président dans sa stratégie de reconquête d'une partie de son électorat. Pas le Premier ministre. "On peut y lire une certaine forme de distanciation", euphémise un ministre. "Quand Fillon n'est pas d'accord il se tait", décrypte encore une source gouvernementale, qui estime que "la sécurité, ce n'est pas trop son truc".