La saison de la chasse... aux signatures

Christine Boutin a reconnu lundi ne disposer pour l'instant que d'une "bonne centaine" de promesses de parrainages d'élus pour se présenter.
Christine Boutin a reconnu lundi ne disposer pour l'instant que d'une "bonne centaine" de promesses de parrainages d'élus pour se présenter. © Maxppp
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et Mathieu Charrier , modifié à
REPORTAGE - Le Congrès des maires est très prisé des "petits" candidats à la présidentielle.

A six mois de l'élection présidentielle, certains candidats n'ont toujours pas leurs 500 signatures. Le 94e congrès des maires de France, qui s'est ouvert mardi à Paris pour trois jours, est donc l’occasion rêvée de faire le plein de signatures : 7.000 maires sont en effet attendus au rendez-vous. 7.000 maires et autant de signatures potentielles.

"Il faut leur parler de choses qui les intéressent"

Les "petits" candidats, comme on les appelle, se bousculent donc Porte de Versailles, avec leurs militants prêts à distribuer des tracts à l’entrée du Parc des expositions.

"On mouille la chemise" : 

"Il y a plein de maires à disposition, mais pour les convaincre, il faut faire ce qu’on appelle le ‘speech’ et il faut, en quelques secondes susciter leur attention. Il faut leur parler de choses qui les intéressent. Il faut leur parler de France", raconte au micro d’Europe 1 Patrick Lozès, le président du Conseil représentatif des associations noires (Cran), candidat à la présidentielle. "On mouille la chemise pour obtenir les 500 signatures", admet-il, son paquet de brochures à la main.

Boutin venue "chasser les signatures"

Il faut dire que ces candidats n'ont souvent pas les moyens de sillonner la France. Ils comptent donc beaucoup sur ce salon des maires. Et certains vont même jusqu’à serrer des mains, dans les allées du salon. Comme Christine Boutin par exemple, candidate du Parti chrétien-démocrate. Petit tailleur blanc, grand sourire, l’ancienne ministre affirme : "je suis d'une famille de chasseurs, je viens chasser les signatures ! ".

"J'ai besoin de signatures" :

Et en un quart d’heure et quelques serrages de mains, Christine Boutin réussit à récupérer, selon ses propres comptes, trois promesses de signatures supplémentaires. La candidate doit revenir mercredi après-midi, où elle s'installera à la cafétéria, pour discuter avec les maires. D’autres candidats comme Nicolas Dupont-Aignan ou Jean-Pierre Chevènement sont également attendus le même jour.

Du chantage dans l’air

Mais avec 36.000 maires en France , comment expliquer que ces "petits" candidats n’arrivent pas à obtenir plus facilement leurs parrainages ? Première explication : la majorité des maires de France dirigent des petites communes. Ils sont souvent sans étiquette, et ne veulent donc pas être associés à un candidat et à son bord politique. Et puis il y a les pressions au niveau local. Il faut en effet justifier sa signature auprès des administrés puisque celle-ci peut être rendue publique au Journal officiel.

Certains élus parlent même de chantage aux subventions. "Il faut soigner votre député et suivre sa consigne de parrainage pour espérer des subventions", avoue, gêné, un maire d'une petite commune des Côtes d'Armor. "C’est la raison pour laquelle je fais très attention à ce que je fais et à ce que je dis", conclut-il.

Enfin, il y aussi parfois les consignes de parrainages des grands partis qui veulent éviter la multiplication des candidatures. Tout cela fait qu'en moyenne, moins de la moitié des maires accordent leurs parrainages à des candidats.