La presse analyse la victoire de Nicolas Sarkozy

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Administrator User , modifié à
Un choix clair, c'est ce que la France a effectué en portant à la présidence de la République Nicolas Sarkozy. Une large victoire qui l'autorise, qui l'oblige même, à engager rapidement les réformes promises tandis qu'elle plonge la gauche dans une nouvelle crise d'identité, commente lundi la presse française.

Les traditionnels clivages partisans se retrouvent en une des quotidiens de la presse nationale généraliste. Le Figaro salue "L'Eclatante victoire", Libération exprime son abattement d'un "Dur...", tandis que Le Parisien-Aujourd'hui en France s'exclame plus sobrement "C'est lui!". Une victoire "haut la main" pour Le Progrès, "confortable" pour Libération, "sans appel" pour L'Humanité... La presse française s'accorde d'abord sur l'ampleur du succès de Nicolas Sarkozy, vainqueur du second tour de la présidentielle avec 53% des suffrages contre 47% à Ségolène Royal. "Les Français ont choisi. Leur message est clair", confirme Dominique Quinio dans La Croix.Pour expliquer cet écart, Libération se plonge dans l'arithmétique électorale pour découvrir que Nicolas Sarkozy a bénéficié "d'un meilleur report des voix disponibles", notamment parmi les électeurs de François Bayrou au premier tour. "Les partisans du dirigeant centriste (...) sont revenus, pour une bonne part, dans le giron de leur famille politique d'origine à l'heure du choix final", relève le quotidien, alors que "Ségolène Royal n'a pas réussi à créer la dynamique qui lui aurait permis de combler son retard" du premier tour. Mais au-delà de ces calculs, la presse française insiste sur la bataille des idées remportée par la droite. "Nicolas Sarkozy vient de faire gagner une droite décomplexée, qui s'était donné l'objectif de la reconquête idéologique, et qui a incontestablement marqué des points sur son terrain dans cette bataille", constate Pierre Laurent dans L'Humanité. "La droitisation de la société française n'est plus une hypothèse (...) c'est une réalité criante", insiste Renaud Dély dans Libération. Les électeurs ont porté à l'Elysée "un homme qui revendique, assume et transcende même les valeurs de la droite française", renchérit Roger Antech, dans le Midi-Libre.Si elle partage cette analyse, la presse économique en conclut surtout que Nicolas Sarkozy peut et doit désormais appliquer ses réformes d'inspiration libérale. "S'il y a bien une chose que l'on peut reconnaître à ce candidat, c'est avoir annoncé la couleur. Celle d'une droite enfin décomplexée, modernisée, débarrassée de la peur tétanisante de l'électeur ou de la rue, cette sourde crainte qui, peu à peu, a enserré Jacques Chirac dans un filet à la fois d'immobilisme et de versatilité", analyse François-Xavier Pietri, dans La Tribune. Erik Izraelewicz emploie quasiment les mêmes termes pour défendre, dans Les Echos, l'aspiration de la France au "changement": "Après des années d'immobilisme chiraquien, c'est incontestablement le message le plus fort qui ressort de ce scrutin." Pour engager des réformes, "Nicolas Sarkozy dispose (...) d'une légitimité tout à fait exceptionnelle, historique même - à laquelle aucun corporatisme n'est en droit de s'opposer", prévient-il. "Nicolas Sarkozy a parfaitement le droit de (...) mettre en oeuvre (son programme) pour rapprocher, comme il le veut, la France de la norme dominante du libéralisme conservateur", admet pour sa part Laurent Joffrin dans Libération, selon qui "la France a fait un choix net". Le nouveau président dispose de "la légitimité pour agir", confirme La Tribune en une. Avec une telle victoire, cette légitimité est même une obligation, selon François Régis Hutin, qui, dans Ouest-France, juge Nicolas Sarkozy "condamné à réussir" sous peine d'engendrer une déception "considérable".A gauche, en revanche, le Parti socialiste est "entré en zone de turbulences" et "va devoir tenter de sauver les meubles aux législatives", d'après Les Echos. "A moyen terme, le PS doit réaliser ce qu'il n'a pas fait de 2002 à 2007: repenser sa doctrine et sa stratégie d'alliance", ajoute le quotidien économique. Après une telle "déculottée idéologique", la gauche va devoir se rénover, avertit pour sa part Renaud Dély. Or, ce processus ne se fera pas sans mal et déjà, "les couteaux sont tirés", observe Laurent Joffrin, également dans Libération.