La présidence Macron, un petit parfum d'Amérique

© Fred TANNEAU / AFP
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David Revault D'Allones
Pour l'éditorialiste David Revault d'Allones, le discours d'Emmanuel Macron devant le Congrès, lundi à Versailles, a un parfum d'Amérique, à l'image de sa présidence.

"Macron l'Américain". Ce pourrait être le surnom de notre nouveau chef de l'État, qui semble s'inspirer directement de la politique américaine. Et d'abord pour son discours de lundi devant le Congrès réuni à Versailles.

Discours au Congrès vs discours sur l'état de l'Union. Vous me direz qu'il est difficile de faire plus "monarchie présidentielle" française que Versailles... Mais ce qu'il a en tête, c'est le discours sur l'état de l'Union que prononce chaque année en janvier le président des États-Unis. C'est précisément ce que veut faire Emmanuel Macron. S'adresser au pays tous les ans, via les parlementaires, pour rendre compte de l'année passée, et tracer des perspectives pour celle qui arrive. Mais importer le modèle politique américain en France ne va pas sans mal...

Comme à la Maison-Blanche, tout est piloté depuis l'Élysée. Pas mal de voix se sont en effet élevées dans la classe politique française pour regretter "l'humiliation" faite au Premier ministre. Là encore, Paris-Washington, même combat. Il n'est pas le premier à zapper son chef de gouvernement, notre président. Souvenez-vous ce qu'avait dit Nicolas Sarkozy de son Premier ministre François Fillon, qualifié de "collaborateur". Macron, lui, ne fait pas de tels commentaires, mais il agit de même. En gros, il est en train de supprimer le poste de Premier ministre, comme aux États-Unis, où tout est piloté depuis la Maison-Blanche. Avec Emmanuel Macron c'est pareil, c'est l'Élysée qui a le premier et le dernier mot.

Même gestion de l'administration. Et puis il y a aussi la gestion de l'administration. Aux États-Unis, il existe ce qu'on appelle le spoil system. À chaque fois qu'un nouveau président arrive, tous les responsables des grandes administrations  sont changés, l'administration est nettoyée.... Le président s'assure ainsi de sa fidélité. Emmanuel Macron s'inspire de ce modèle et l'applique en France. Son objectif, c'est que tous les hauts-fonctionnaires, tous les directeurs d'administrations centrales, qui ont beaucoup de pouvoir en France, qui peuvent faciliter ou au contraire gêner les objectifs politiques du gouvernement, se montrent loyaux. Ils auront donc à signer un engagement personnel, une adhésion à ses objectifs politiques. Sinon, ce sera la porte. Et ça, c'est tout à fait nouveau chez nous.

" Sa communication fait énormément penser à celle de Barack Obama "

Obama, un modèle de communication. Alors il y a la gestion politique du gouvernement, il y a l'administration, mais il y a aussi le nerf de la guerre :  la communication, un des piliers du macronisme présidentiel. Une communication réglée au laser, qui fait énormément penser à celle d'un président américain : Barack Obama. Souvenez-vous de son utilisation des réseaux sociaux, de l'exposition scientifiquement calculée de sa famille, et surtout de ses petites cartes postales qu'il envoyait régulièrement aux électeurs, pas forcément très politiques, mais qui le rendaient très sympathiques. Obama avec ses filles, Obama qui fait du basket… Macron, c'est pareil. Cela avait commencé pendant la campagne, avec des images de lui jouant au foot ou réussissant le "bottle challenge". Des vidéos immédiatement diffusées sur les réseaux sociaux pour lui conférer cette image ouverte, moderne, et sympathique.

Et ça continue depuis qu'il est président. Macron au standard de l'Elysée... Macron qui joue au tennis ou qui boxe pour la promotion des JO à Paris ou encore le making off de la photo officielle, jeudi dernier. Avec Emmanuel Macron, on est résolument entré dans l'ère des présidents à l'américaine. D'ailleurs il ne s'y est pas trompé, puisque son invité spécial pour la fête du 14-Juillet sera Donald Trump. Et le plus américain des deux n'est pas forcément celui qu'on pense...