LA PHOTO - "Comme un bachelier qui a réussi son examen"

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Adrien Quatennens a été accueilli chaleureusement par les autres dépités de La France insoumise. © bertrand GUAY / AFP
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Bertrand Guay, photographe à l’AFP, était dans l’hémicycle lundi quand le député insoumis Adrien Quatennens a prononcé un discours remarqué. Avant d’être félicité par ses collègues, Mélenchon en tête.

Chaque semaine, Europe1.fr vous propose un regard décalé sur l'actualité politique à travers l'objectif d'un photographe de l'AFP.

La semaine politique a été marquée par l’examen à l’Assemblée nationale de la loi d’habilitation autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnances pour réformer le Code du travail. Sur ce sujet, les députés de la France insoumise ont été en pointe de l’opposition. Et notamment un certain Adrien Quatennens, inconnu du grand public, mais qui a prononcé lundi un discours très remarqué par sa pugnacité.

Le député du Nord, qui se démarque déjà par sa chevelure d’un roux intense, a été félicité par ses collègues lors de son retour à sa place, et notamment par un Jean-Luc Mélenchon, leader du groupe des Insoumis, bluffé par son jeune collègue. C’est cet instant précis que Bertrand Guay, appareil photo en main, a immortalisé. Ce photographe de l’AFP raconte à Europe1.fr les coulisses de son cliché.

  • Choisir le lieu

"Je couvrais le débat sur la loi d’habilitation autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnances sur le Code du travail. À l’Assemblée, les photographes disposent de deux endroits pour se positionner. L’une en face du Perchoir, où je m’étais placé pendant le discours de Muriel Pénicaud, la ministre du Travail. Et l’autre, qu’on appelle "les Guignols", à droite en bas, face aux députés. Je m’étais déplacé à cet endroit quand Adrien Quatennens a pris la parole, pour guetter des réactions."

"Parfois, tu prends des options, elle peuvent s’avérer bonnes, d’autres fois non. On dit volontiers que dans ce métier, le manque de chance est une faute professionnelle."

  • Décrire une ambiance

"Adrien Quatennens avait droit à une demi-heure de discours, et il a pris toutes ses trente minutes. Et toute l’Assemblée a senti qu’il était bon. Quand il a fini, les députés insoumis se sont levés, ils ont applaudi à tout rompre. Et je savais qu’il allait être bien accueilli en retournant à sa place. C’était évident qu’il fallait faire cette photo.

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© bertrand GUAY / AFP

  • Réfléchir au cadrage

"Le cadre, pour le coup, je ne l’ai pas trop choisi. J’ai un long téléobjectif, et j’étais quasiment au maximum, parce que j’étais loin de la scène. Heureusement, j’ai un monopode pour mon téléobjectif, qui est très lourd, près de six kilos. Sinon, c’était flou presque à coup sûr. Il n’y avait pas beaucoup de lumière, donc j’ai augmenté la sensibilité. C’est plus délicat que pour une photo où on peut se déplacer. Là, je raconte une histoire, mais ma place est imposée."

"Le but, c’était d’aller sur les Insoumis. J’ai bien compris que ça se passerait par là. J’attendais simplement qu'Adrien Quatennens rentre dans le champ. Et quand il est retourné vers sa place, je ne savais pas qu’il se retournerait vers ses collègues. Je l’espérais, juste.  

  • Donner du sens à l’image

"C’était comme un bachelier qui a réussi son examen. Pour lui, pour Jean-Luc Mélenchon et pour les autres députés insoumis, il a incontestablement accompli avec succès ce qu’il devait faire. Et ça a pris 24 heures, mais ensuite, toute la presse a fait quelque chose sur lui. C’était sa première allocution, je ne le connaissais pas. Je l’ai recroisé au rassemblement de Jean-Luc Mélenchon jeudi à Paris, et les journalistes s’intéressaient déjà beaucoup à lui. Il faut qu’il confirme, mais l’impression que ça donne, c’est qu’une nouvelle star de la politique est née. Tu sens qu’il prend de l’ampleur."