La note anti-couacs de Matignon

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avec Antonin André , modifié à
DOCUMENT E1 - Les services du Premier ministre entendent gérer les interventions des ministres dans les médias. Une note qui passe mal.

Le recadré recadreur.François Hollande a sommé "pour la dernière fois" mercredi ses ministres de cesser de se quereller. En première ligne, son Premier ministre dont il a exigé qu'il coordonne mieux la communication d'un gouvernement qui enchaîne les "couacs". La réponse des services de Jean-Marc Ayrault n'a pas traîné. Elle prend la forme d'une note, dont Europe 1 a obtenu une copie, transmise à tous les ministères. Et contient une sérieuse mise en garde quant aux prochaines interventions dans les médias des différents ministres. 

>> Voici notamment ce qu'on peut lire dans ce document :

"Le schéma est le suivant : lorsque votre ministre reçoit une invitation pour un passage média (radio, télé, presse écrite papier ou internet), vous nous informez au préalable, avant de donner un accord au média. Lorsque votre ministre envisage de susciter un passage média, vous nous informez avant de prendre l’attache du média".

"Cette démarche de coordination des passages médias ne remet pas en question la ligne décidée cet été s’agissant des tribunes ou des interviews écrites. Il n’y a pas de relecture systématique par Matignon, même si, comme je vous l’avais dit fin juin, il vous appartient d’apprécier si une relecture est souhaitable. Le cabinet du Premier ministre sera toujours à votre disposition pour cela".

En clair, Matignon pourra désormais s'opposer au plan de communication d'un des ministres. Au nom de la cohésion du gouvernement.

>> Découvrez la note des services de Matignon dans son intégralité :

Les ministres très mécontents. Cette note a été fort mal accueillie dans les ministères, selon les réactions recueillies par Europe 1. Petit florilège. Atterré : "c'est hallucinant" cette note ; lapidaire :  " Matignon ne connaît visiblement pas le fonctionnement de la presse"; dérouté : "je préfère ne pas la lire, vous me raconterez à la radio ce qu'elle contient"; désabusé : "ça tiendra une semaine tout au plus".

La lecture de cette nouvelle procédure n'a convaincu personne de son efficacité en matière de "coordination de l'expression gouvernementale", pour reprendre les termes du président de la République en Conseil des ministres. D'abord parce que la mise en place d'un processus de validation, face à la rafale d'invitations des radios et des chaines d'info que reçoivent certains ministres, s'annonce des plus fastidieuses. Ensuite parce qu'on imagine mal certains ministres, Laurent Fabius ou Manuel Valls par exemple, demander l'autorisation de Matignon avant d'accorder une interview. "Ça paraît irréaliste", confirme un conseiller dans un sourire.