Voile à l'université : le gouvernement veut fermer le débat

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Louis Hausalter et David Doukhan , modifié à
VIDÉO - Les déclarations de la secrétaire d'Etat aux Droits des femmes, Pascale Boistard, sur l'interdiction du voile à la fac ont semé le trouble.

Le gouvernement veut-il interdire le voile à l'université ? La secrétaire d'Etat aux Droits des femmes, Pascale Boistard, a semé le trouble lundi, en se disant plutôt favorable à cette mesure. "L'université peut faire partie de ces espaces publics où le port du voile...", a-t-elle lancé lors d'un entretien au Figaro, avant de s'arrêter et de minorer ce qui ressemble fort à une prise de position contraire à celle du gouvernement : "c'est aux présidents d'université de dialoguer avec les étudiantes".

"Il faut pouvoir en discuter. L'université est un lieu où l'on doit pouvoir parler de tout, constamment. Je ne suis pas sûre que le voile fait partie même de l'enseignement supérieur", a poursuivi la secrétaire d'Etat. Pascale Boistard contredisait ainsi Geneviève Fioraso, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, qui jugeait en 2013 que le voile à l'université "ne posait pas de problème" et rappelait "qu'aucune université n'avait saisi le ministère".

Pas question d'interdire le voile. Pascale Boistard a en effet parlé un peu vite. Le ministère de l’Enseignement supérieur est formel : il n'est pas question d’interdire le port du voile. D’abord parce que les étudiants sont considérés comme des adultes, mais aussi parce que les universités sont des lieux d’accueil internationaux, où travaillent des élèves venus du monde entier, y compris des musulmans.

Sur le plan politique, la sortie de Pascale Boistard était gênante pour l'exécutif. Interdire le voile à la fac, c'est en effet une mesure proposée le 13 février dernier par l'UMP, par la voix de Lydia Guirous, secrétaire nationale du parti aux valeurs de la République et à la laïcité. Tout comme l'école publique, l'université publique doit être sanctuarisée et la neutralité doit s'imposer", écrivait-elle alors dans un communiqué. Par ailleurs, les propos de Pascale Boistard risquent de heurter l'électorat musulman, que les candidats socialistes espèrent encore faire venir aux urnes aux élections départementales.

Résultat : l'exécutif fait mine de ne pas voir la polémique. L'Elysée renvoie vers Matignon, et chez les conseillers du Premier ministre, on s'égosille pour marteler que ce n'est pas un sujet. Mardi matin, Manuel Valls, en déplacement à Strasbourg sur le thème de l'islam, a d'ailleurs refusé de répondre aux questions des journalistes. Il faut dire qu'en août 2013, alors ministre de l’Intérieur, il avait jugé "digne d'intérêt" la proposition d'interdire le voile à la fac.

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