La fille de Robert Boulin veut rouvrir l'enquête

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Fabienne Boulin-Burgeat a demandé la réouverture de l'information judiciaire sur la mort de son père, Robert Boulin, ministre RPR, retrouvé noyé en 1979. Elle estime que de nouvelles auditions menées depuis 2002 démontrent qu'il a été assassiné, après une conspiration politique mettant en cause les milieux gaullistes. La justice a retenu la thèse du suicide car Robert Boulin était très déprimé par sa mise en cause dans un scandale immobilier.

Fabienne Boulin-Burgeat poursuit son combat depuis la mort de son père en 1979, retrouvé noyé dans un étang de la forêt de Rambouillet. Elle a tenu mercredi une conférence de presse pour expliquer pourquoi elle demande la réouverture de l'information judiciaire sur la mort de son père, le ministre RPR Robert Boulin. Fabienne Boulin-Burgeat se base sur la parution d'un livre du journaliste Benoît Collombat, intitulé "un homme à abattre", qui conforte à ses yeux les 28 nouveaux témoignages recueillis entre 2002 et janvier 2006 par la justice. "C'est une magnifique occasion pour la France de se regarder en face", a-t-elle dit lors de la conférence de presse. Me William Bourdon, son avocat, a annoncé qu'il déposerait la semaine prochaine au parquet général de Paris un mémoire officiel demandant une nouvelle instruction. Il demandera aussi une audition au procureur général de Paris Laurent Le Mesle, à qui appartient la décision éventuelle de réouverture du dossier, sans recours possible. Robert Boulin, ministre du Travail de Valéry Giscard d'Estaing, dont le nom était souvent cité à l'époque pour Matignon, avait été retrouvé noyé dans une faible profondeur d'eau d'un étang de la forêt de Rambouillet le 30 octobre 1979, à Saint-Léger-en-Yvelines. L'enquête initiale, menée en l'absence de plainte de la famille, avait conclu au suicide par l'absorption de comprimés de Valium, provoquant un état léthargique, puis une noyade dans une faible profondeur d'eau. Après le dépôt d'une plainte, une information judiciaire menée entre 1983 et 1992 avait abouti à un non-lieu, confirmé en appel. Selon la thèse retenue, Robert Boulin a cédé à un accès de désespoir en raison de sa possible mise en cause dans un scandale immobilier à Ramatuelle (Var). Il avait acheté un terrain à bas prix à un personnage douteux, Henri Tournet, pour lequel il était intervenu auprès de différentes administrations, a conclu la justice. Le ministre avait posté le 29 octobre huit lettres, en partie dactylographiées et en partie manuscrites, à la police, à des avocats, à des médias et différentes personnalités, dont Jacques Chaban-Delmas. Il disait sa volonté de se donner la mort dans l'étang de Saint-Léger. Fabienne Boulin-Burgeat parle aujourd'hui de faux. Mais depuis 2002, de nouvelles auditions judiciaires ont été ordonnées à la demande de Fabienne Boulin, à la suite notamment d'un reportage télévisé soutenant la thèse du meurtre. Selon elle, il est établi par ces auditions que le corps du ministre portait des traces de coups et "preuve est faite" que des preuves ont été dissimulées avant l'enquête judiciaire. La thèse du complot, très ancienne dans cette affaire, a été examinée mais a été écartée par la justice dès 1992. Fabienne Boulin et Me Bourdon ont assuré que les témoignages nouveaux laissaient penser que police, la justice et les milieux politiques avaient fabriqué la thèse du suicide. Selon eux, diverses dépositions montrent que le corps du ministre a été découvert entre deux et trois heures du matin, alors que les enquêteurs officiels ne sont arrivés que cinq heures plus tard, ce qui accréditerait l'idée d'un maquillage. Des éléments médico-légaux, comme l'absence d'eau dans les poumons du corps, ou des traces interprétées comme des violences, démentiraient le suicide. D'autres témoignages accréditeraient l'idée que Robert Boulin, candidat à Matignon, faisait l'objet de menaces et qu'il dérangeait car il aurait détenu des dossiers compromettants sur le RPR de Jacques Chirac. Des interventions du SAC (Service d'action civique) service d'ordre du parti gaulliste dissous en 1981 sont alléguées par des témoins avant et après le crime.