La Droite forte, l’autre gagnante

Geoffroy Didier et Guillaume Peltier, de gauche à droite.
Geoffroy Didier et Guillaume Peltier, de gauche à droite. © MAXPPP
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Les militants UMP votaient aussi pour des mouvements. La Droite forte est en tête.

C’était l’autre enjeu de l’élection interne à l’UMP : créer "des mouvements" pour faire exister les différentes sensibilités au sein du parti. Six étaient en course. Et à ce petit jeu, c’est la Droite forte, la grande favorite, qui s’est imposée. Selon les chiffres officiels de la commission interne (Cocoe) qui a validé mardi soir ce scrutin - après celui du président de l'UMP, Jean-François Copé, lundi - la Droite forte arrive en tête, avec 28% des voix, devant la Droite sociale du filloniste Laurent Wauquiez (21,7%) et les Humanistes de Jean-Pierre Raffarin (18%). La réunion des différentes chapelles gaullistes n'a rassemblé que 12,3 %.

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• C’est quoi déjà la Droite forte ? Pour ceux dont la mémoire flancherait, ce mouvement a été créé par deux trentenaires à l'ambition affichée : Guillaume Peltier et Geoffroy Didier. Leur objectif : assurer l’héritage du sarkozysme. Très présent dans les médias, les deux hommes ne se sont pas fait que des amis à l’UMP en adoptant un positionnement très droitier. "Dégage, avec tes idées nauséabondes", a un jour lancé François Baroin à Guillaume Peltier, porte-parole de la dernière campagne de Nicolas Sarkozy. Quand il a appris que la Droite forte était arrivée en tête dans son département de la Mayenne, le député UMP Yannick Favennec a ni plus ni moins annoncé sa démission de la présidence de la fédération car il ne se sentait "pas en phase avec ce choix" des électeurs. Un député de la Droite populaire confie à Europe 1 que pour lui, "la Droite forte, c'est à droite de Marine Le Pen..." 

• Pourquoi elle a fait parler d’elle ? Les barons de l’UMP l’accusent essentiellement de préférer la forme au fond. De faire du marketing politique, en somme. Lors d’un bureau politique de l’UMP, Guillaume Peltier a ainsi réussi le tour de force de liguer contre lui fillonistes et copéistes. Son tort : avoir déposé la marque "Génération sarkozyste" à l’Institut National de la Propriété Industrielle. Plus généralement, c’est son programme - déroulé mesure par mesure, chaque jour de la campagne, à la façon de… Nicolas Sarkozy - qui a heurté, ses contradicteurs estimant qu’il flirte avec l’extrême-droite. Et de rappeler que Guillaume Peltier vient du Front national, et a fait un passage chez Philippe de Villiers en 2007…

• Quel est son programme économique? Accusé d’électoralisme et d’avancer des "idées inapplicables", Guillaume Peltier s’était expliqué sur Europe1.fr. "Il n’est pas question pour nous de provoquer par principe, on a travaillé longuement en amont avant de formuler nos 40 propositions, qui sont toutes chiffrées", assurait-il alors. Parmi ces propositions, citons notamment le retour aux 40 heures... payées 45 heures, la création d’un contrat de travail unique, l’instauration de l’âge de départ légal à la retraite à 65 ans pour une retraite à taux plein, le rétablissement de la dégressivité des allocations chômage "afin de lutter contre les trappes à inactivité" ou encore l’assouplissement du Code du travail.

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• Des mesures clivantes. C’est sur ce terrain qu’ils ont le plus fait parler d’eux. La Droite forte a par exemple proposé de réserver des postes dans l’audiovisuel public aux journalistes de droite ou de supprimer le droit de grève des enseignants. Autre proposition sujette à polémique : l’inscription dans la constitution de la phrase "la France est une république laïque de tradition chrétienne". La Droite forte a également proposé d’organiser "chaque 1er mai, en plein air sur la place du Trocadéro à Paris, la grande fête populaire de la droite républicaine et du travail". Une date et une ambition réservées par le FN depuis 1998…