La douloureuse rentrée de l'UMP

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Louis Hausalter avec Caroline Roux et , modifié à
A LA DERIVE - En interne, on se lamente de l'état du parti d'opposition, qui peine à parler d'une seule voix.

La crise gouvernementale déclenchée par Arnaud Montebourg a donné du grain à moudre à l'UMP. Mais le parti a eu beaucoup de mal à saisir l'occasion, tant il souffre de ses divisions internes. Tout juste s'est-il résolu, à l'issue d'un bureau politique spécialement convoqué mercredi soir, à demander à Manuel Valls d'engager "en urgence sa responsabilité dès la session extraordinaire" de l'Assemblée nationale, prévue le 9 septembre.

"L'UMP est dans un état lamentable". La difficulté à dégager une parole unique tient évidemment aux sourdes rivalités nourries par les ténors de l'opposition. Mais ce qui atterre aussi la nouvelle équipe à la tête de l'UMP, c'est l'état de déliquescence avancé du parti. "L'UMP est dans un état lamentable", se désole un cadre. Son récit est édifiant : "il reste 69 permanents rue de Vaugirard (le siège de l'UMP, NDLR), et la moitié d'entre eux, on ne sait pas ce qu'ils font".

Le service juridique géré par une stagiaire. Certains salariés sont en arrêt maladie depuis des mois, poursuit-il. Plusieurs fédérations sont même à l'arrêt complet. Détail cruel : le service juridique de l'UMP, premier parti d'opposition, est désormais géré par… une stagiaire !

Alors que le nombre exact d'adhérents reste très flou tant les versions divergent, le feuilleton des affaires et les divisions internes continuent à déteindre sur l'humeur des militants. "On reçoit des cartes d'adhérents par la poste tous les jours", raconte l'un des hommes chargés de faire tourner la boutique. Les envois de courriers adressés habituellement aux donateurs ont même été interrompus, de peur de les braquer.

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Dans ce contexte, le triumvirat chargé de la direction provisoire garde ses distances. Alain Juppé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin passent très rarement une tête dans les locaux du parti. "On a davantage affaire à un trio de gestion que d'animation", admet le sénateur Gérard Longuet, interrogé par Europe1.fr. "Mais c'est provisoire", veut-il croire.

Une rentrée en ordre dispersé. "C'est vrai que l'on manque d'une parole commune", reconnaît également l'ancien ministre. De fait, faute d'université d'été, les ténors de l'UMP font leur rentrée en ordre dispersé. Et ne sont décidément pas d'accord sur la ligne à tenir face au remaniement express opéré par l'exécutif. Plusieurs députés, comme Eric Ciotti, Eric Woerth ou Thierry Mariani, ont réclamé une dissolution de l'Assemblée nationale. Une éventualité refusée en revanche par Alain Juppé et le secrétaire général de l'UMP, Luc Chatel, sur Europe 1.

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De son côté, François Fillon a estimé mercredi que la scénario d'une dissolution était "plausible"… tout en excluant une cohabitation. Une invitation implicite à la démission de François Hollande, "incapable de concevoir l'avenir de la France".

En attendant Sarkozy… En réalité, la paralysie vient aussi du silence de Nicolas Sarkozy. Rentré de vacances mardi, l'ancien président reste toujours muet sur ses intentions. Il compte laisser passer la séquence du remaniement et la série de campus politiques prévus par l'UMP, confiait en début de semaine l'un de ses visiteurs réguliers. Mercredi sur France Inter, Nathalie Kosciusko-Morizet s'est ajoutée à la liste de ceux qui souhaitent une candidature de Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP. Un signe de plus que le parti d'opposition garde les yeux rivés sur son ancien leader.

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